La Vengeresse par Valoo24

La Vengeresse est bien le premier film de Plympton pour lequel j'ai un sentiment vraiment très mitigé. Pourtant habitué au style artisitique du bonhomme, la direction artistique de ce long-métrage me laisse quelque peu pantois. Soyons clair, il y a des chances pour l'on aime pas. Mais là n'est pas la question, j'ai personnellement fini par m'y habituer après une dizaine de minutes. Je comprends l'intention, de vouloir faire vivre le récit au delà de son apparence, reste qu'il s'agit quand même du vecteur principal de sa narration. Cela permet également de laisser briller Jim Lujan Co-réalisateur de ce film qui inteprètera à merveille plusieurs personnages du film. D'ailleurs, c'est avec surprise que l'on voit lors des crédits de fins à quels point ce dernier s'est investi dans le projet avec notamment toutes les compositions musicales réalisés pour ce film.

Malgré tout, je ne peux m'empêcher de penser que l'on y a perdu au change. Si l'on reste avec ces corps à l'allure grotesque, comme une sorte de quintescance du style caricatural, que l'auteur avait déjà travaillé dans son film précédent Les amants électriques, je ne peux m'empêcher de me demander: où sont donc passés les volumes des corps ? Où est donc passé l'étude de la lumière si majestuesement bien travaillée dans Des idiots et des anges ? Où est passé la cohérence de la colorimétrie ? Quoique sur ce dernier point, je veux bien me faire mentir, toutes les couleurs sont criardes et donne un rendu très plat à l'ensemble. Un peu comme le coloriage naïf d'un enfant. C'est un style. Je me répète, mais si la déformation des corps, si propre à son réalisteur, peut rebuter au premier abord, dans ses précédents métrages, on ne pouvait pas nier qu'il y avait un certain travail sur la direction artistique. Ici, rien n'y fait, je n'y voit qu'une régression. Après, je ne peux pas nier que l'artiste réussit toujours à me faire réagir en bien comme en mal...

Quoiqu'il en soit, j'aurai pu excuser ce qui me semble être une errance artistique, si le récit avait été plus original. Non pas qu'il soit inintéressant, ça se laisse suivre sans déplaisir, mais c'est finalement assez commun. Un politicien, ancienne star du catch, se fait dérober un bien, qui contient ses secrets les plus sombres, par une jeune fille qui semble motivée par la "revengeance". Pas de quoi casser trois pattes à un canard en somme. D'autant plus que la conclusion est exactement celle à laquelle on s'attend le plus. Reste que l'on y verra une mise en scène propre à Plympton, à savoir un tableau vivant complètement fantasque, mais encore une fois, franchement moins déjanté que dans ces précédents métrages. Là aussi, je n'y vois qu'une panne d'inspiration de la part de son auteur, mais après tout il avait déjà 70 ans au moment de la sortie du film. Sans doute que l'on est plus fougueux avant cet âge-là.

Si l'humour est bien présent avec des dialogues creux et clichés, assumés comme tel mais surtout parfaitement interprétés, on y perds surtout toute la pureté de ce que Plympton avait fait précédemment. Là où avec Des idiots et des anges j'avais l'impression que Plympton était à deux doigts de rendre une oeuvre transcendantale dans tout ce que ça a de plus noble et de plus pur, ici on retombe dans la caricature simpliste au style grossier. Ce n'est néanmois pas déplaisant dans l'ensemble, mais c'est dommage.