Cette adaptation de Prosper Mérimée constitue donc l'ultime passage derrière la caméra pour le cinéaste via un téléfilm d'une heure. Et c'est plutôt une fin de carrière honnête grâce à une réalisation qui parvient régulièrement à dépasser son cadre télévisuel. Il y a quelques jolis travellings circulaires qui rendent vivante la statue, les extérieurs possèdent une jolie lumière et les intérieurs tentent de temps en temps de travailler la photographie. La reconstitution ne parait pas bâclée même si les acteurs ne sont tous parfaits dans leur rôle ou que certains éléments sont plus proches des fautes de goûts que de l'enrichissement thématiques (les décolletés de la serveuse). Il y a aussi quelques longueurs et la progression narrative est plutôt relâchée et aurait dû être davantage consacrée à faire monter progressivement le malaise.
On devine principalement que le cinéaste (et son fils) ont profité du potentiel fantastique/horrifique de la nouvelle pour glisser vers le giallo. Et ce n'est sans doute pas un hasard si l'héroïne est campée par Daria Nicolodi ! Toujours est-il qu'on trouve les visions subjectives gravissant des escaliers, des apparitions dans le miroir ou des présences invisibles dans la nuit.
Il y a aussi un pur moment d'angoisse qui ne démériterait pas dans le haut du panier du cinéaste, quand la statue prend vie et tourne autour du lit de la jeune fiancée. Éclairage baroque, ombre inquiétante derrière un voile, couleurs vives, mouvements de caméra en longue focale, montage au cordeau... Tout est présent pour composer une séquence qui a du terroriser plus d'un spectateur à l'époque. Même dans une vieille copie dégueulasse (proche du divx) que la cinémathèque a dégotté, ça faisait son effet. Une vraie restauration serait bien nécessaire.