Usual Suspects, simplifié et enlaidi
Depuis les années 2000, quand nous parlons de films d’animation américains, nous avons tout le temps affaire à des créations signées Pixar, DreamWorks ou bien Blue Sky. Tout le temps ? Non, car il arrive que d’irréductibles studios parviennent à faire sortir des longs-métrages qui font parler d’eux (comme Sony Pictures Animation et sa Tempête de Boulettes Géantes). Aujourd’hui, la critique portera sur un projet indépendant qui, comme son titre l’indique (La Véritable Histoire du Petit Chaperon Rouge), a pour but de livrer une relecture totale de l’œuvre intemporelle de Charles Perrault. Un film d’animation qui s’annonce délirant, voire même parodique quand on voit son synopsis.
Malheureusement pour ce film, ce qui saute aux yeux dès les premières secondes, ce n’est ni le scénario ni son ambiance. Mais son aspect visuel. Saute aux yeux ? Les brûle serait une formulation plus adéquate ! Il est vrai que La Véritable Histoire du Petit Chaperon Rouge se livre à nous comme un film d’animation indépendant (avec son budget de 15 millions de dollars), mais ce n’est pas une raison pour être comparable à un épisode matinal de Garfield ! Les textures (personnages et décors) sont tout simplement grossières, l’animation lente et brouillonne (la gestuelle des protagonistes laisse à désirer), les couleurs pas vraiment transcendantes… ce qui donne un rendu plutôt agressif pour la rétine, donnant vraiment l’impression d’être dans son canapé de bonne heure (les yeux étant encore endormi pour supporter à tel spectacle) plutôt que devant un écran de cinéma. Et avec une telle animation, difficile de ne pas grincer des dents au sujet de la synchronisation avec le doublage. Non pas que les comédiens (originaux et Français) soient mauvais. Mais poser une voix sur un personnage aux expressions qui manquent d’envergure, cela sonne évidemment faux. Dommage de dire cela, surtout que les comédiens semblaient s’amuser avec ce projet…
Un constat n’aidant pas vraiment le scénario. Ce dernier, version (un peu trop simplifiée pour les plus jeunes) du mythique Usual Suspects de Bryan Singer (simplifiée dans le sens où l’identité du voleur se devine bien trop rapidement), offre quelques moments sur le papier virevoltants, mais qui se retrouvent alourdis par la piètre qualité de l’animation (par exemple, les séquences en wagonnets ou en snowboards n’ont aucune énergie). Et puisque nous avons entamé le sujet concernant le scénario, attardons-nous sur ce dernier. Alors que la bande-annonce et le script nous promettait un véritable délire qui aurait très bien pu parodier Usual Suspects mais surtout l’univers des contes, nous avons à la place une comédie certes bonne enfant, avec des passages et éléments qui feront rire, mais bien trop sage comparé à ce qui était annoncé. Comme si La Véritable Histoire du Petit Chaperon Rouge ne visait qu’un public bien précis (les plus jeunes) alors que les adultes auraient pu avoir quelque chose à se mettre sous la dent. Comme un long-métrage déjanté, usant de références à gogo pour divertir. Malheureusement pour eux, il n’en est rien…
Oui, Hoodwinked ! (le titre français devient vraiment énervant à taper) n’est finalement qu’un film d’animation qui se contente de plaire aux enfants, n’ayant à son actif que des gags à leur niveau et des chansons à la Disney (entraînantes, il est vrai). La faute au budget ? Sans doute, mais cela n’empêche pas de chercher un visuel qui puisse amplement correspondre au lieu de ce brouillon qui nous est ici présenté. Le scénario n’est pas non plus innocent, alors qu’il aurait très bien pu être encore plus délirant que cela pour réellement attirer notre attention. Bon, il faut être honnête, ce n’est pas non plus une catastrophe : le long-métrage se suit sans déplaisir et il est idéal pour passer un agréable moment avec ses enfants. Mais tout de même ! Nous n’y reviendrons pas à deux fois, au risque d’avoir un cerveau en compote ! Car un épisode de Garfield d’à peine 15 minutes, ça va. Mais un film faisant 1h20, la limite du supportable peut être dépassée à tout moment !