Docteur Death

You don’t Know Jack est un téléfilm sorti en 2010, réalisé par Barry Levinson ( Rain man , Sleepers, Des hommes d’influence, etc..), relatant le combat du Docteur Jack Kevorkian en faveur du suicide médicalement assisté. Le docteur Kevorkian aurait assisté la mort de 130 patients.

S’il y a bien un sujet qui a le mérite de faire polémique, c’est bien celui de l’euthanasie. Un fait de société qui reste sensible et d’actualité, même encore dans notre pays. Barry Levinson montre à travers la vision de son protagoniste (et nous spectateur par la même occasion), la détresse des gens et leurs désirs de quitter ce monde dû à une souffrance trop insupportable.
Le film arrive à nous interroger sur cette problématique.

• Pourquoi une personne aurait-elle le contrôle de sa vie et non celle de sa propre mort ?


• À quel stade de la maladie, une personne peut demander l’euthanasie ?


• Ne vaut-il pas mieux une mort douce, qu’une longue agonie ?


• Nos droits en tant qu’être humains ont-ils autant de valeurs que nos droits constitutionnels ?

Il y a également l’impact économique (le film en parle brièvement) sur l’industrie pharmaceutique qui avec ce procédé verrait ses ventes de médicament chuté, car certains d’entre eux servent justement à maintenir le patient en vie malgré les effets secondaires qui peuvent dégrader son état.

Concernant le casting, le cinéaste a su s’entourer des noms prestigieux avec en-tête d’affiche Al Pacino (il a reçu un Emy Award et un Golden Globe pour son rôle), d’une sobriété exemplaire, il incarne à la perfection cet homme qui se bat contre le système judiciaire pour ses convictions profondes, il a la certitude du bien fondé de son action, il est prêt et déterminer à risquer sa liberté pour servir sa cause et se faire entendre.
On ressent aussi chez cet homme une sorte de détachement, il applique la procédure de façon très technique, mais il donne l’impression de ne pas entrer en totale empathie avec ses patients.

Il y a donc chez Jack ce côté « robot », un artiste solitaire et morbide (qui est retranscrit dans ses toiles) assez intriguant.

Au niveau des personnages secondaires, nous avons John Goodman et Susan Sarandon qui tiennent très bien leurs seconds rôles respectifs et apportent le peu de soutien à ce docteur. Ils sont aussi cette part d’humanité qui lui fait un peu défaut et qui savent lui dire quand il va trop loin dans ses méthodes peu orthodoxes.

En somme You don’t know Jack atteint son objectif à remettre sur la table un sujet important, cela fait partie de ces œuvres qu’il est à mon sens nécessaire de visionner de par la gravité de son propos. J’aurai juste souhaité que le réalisateur, (même s’il retranscrit et reste fidèle la vision de Jack) montre encore un peu plus les opposants à cette pratique. Dans le film, nous avons à trois reprises l’occasion de les voir (les défenseurs de la religion, les convictions personnelles du procureur et les quelques témoignages à la fin), une opposition équivalente afin qu’il n’y ait pas de parti-pris aurait été intéressant. Hormis ce petit manque, je recommande chaudement ce film qui aurait amplement mérité à l’époque une sortie dans les salles.

Pour avoir en savoir plus sur You don't know Jack (anecdotes ou témoignage) c'est par ici : Looking for Al: le Parrain Shakespearien