Après "La vida por delante" (1958), "La vida alrededor" (1959). Fernando Fernán Gómez reprend les mêmes rôles de réalisateur, co-scénariste et acteur principal pour produire une suite au premier film qui jouit à l'époque d'une popularité notable — une comédie sous la forme d'une satire sociale empruntant au néo-réalisme italien et au contexte contemporain de l'Espagne franquiste dans les années 1950. La formule est rigoureusement la même, et finalement la continuité est assurée puisqu'on suit le couple formé par Josefina et Antonio dans la suite logique des événements : les voilà mariés, et le bouleversement majeur à l'origine de la série dense de péripéties tient à l'arrivée prochaine d'un enfant.
C'est le carburant idéal pour relance la dimension sociale de la comédie satirique, puisque l'équilibre économique précaire du couple (alors que lui est avocat et elle travaille à l'hôpital) est immédiatement malmené par cette nouvelle. Il y a beaucoup de ressorts comiques basés sur des constations ultra-pragmatiques, sur le bilan comptable indiquant qu'il ne leur restera que quelques kopecks pour leurs loisirs, sur des sources d'économies insoupçonnées — la mère envisage de donner des cours à son bébé encore dans son ventre pour limiter les futures dépenses à l'école, par exemple. Il faut dire que cet enfant est infernal, "ça mange de tout, même la nourriture". De son côté, Antonio part à la recherche de clients un peu louches pour récupérer un pécule complémentaire.
Le regard est manifestement très ironique pour décrire la précarité de cette famille de travailleurs, mais il ne se départit jamais d'une certaine tendresse. Une grosse part de la trame du dernier segment a trait à une improbable histoire d'hypnose qui place le protagoniste dans l'impossibilité de mentir, configuration délicate pour sa position d'avocat — Jim Carey dans "Menteur, menteur", c'est exactement la même chose — mais surtout pour sa situation maritale. L’image de la famille-type en prend en tous cas pour son grade.