Il aimait trop l'alcool : l'eau lui fut fatale !

A dire vrai, je ne connaissais des Rolling Stones que Mick Jagger... A cause d'un physique plutôt Michel Simon que Alain Delon, et (ou) de son côté extraverti peut-être, déguingandé, disloqué façon Cloclo ? Tout ce que je ne suis pas...
Et je leur préférais bien d'autres groupes genre Beatles, Beach-Boys, Bee-Gees, mais surtout Hoolies qui curieusement, n'ont jamais atteint la popularité des précédents.
Ou encore Pink Floys arrivés bien plus tard sur la planète rock...
Mais je ne me suis jamais trop intéressé aux chanteurs eux-mêmes qui composaient ces groupes, d'autant que parfois certains changeaient de musiciens...
Ce document ne peut évidemment passer sous silence le groupe lui-même, mais heureusement, le zoom reste quand même essentiellement focalisé sur Brian lui-même !
Et se concentre souvent sur ce que ses proches pensaient de lui, à commencer par son père...
Et si une seule chose méritait d'être vue et entendue dans ce film, c'est cette espèce de force tranquille et philosophique de la nature que constitue désormais "Prince Stash Klossowski de Rola".
Un authentique prince émigré de Pologne, auquel Barclay aurait proposé tout jeune un contrat, mais qui ne visait pas la France.
Le mec à la voix grave, parle un français impeccable, se révèle être un dangereux conquistador féminin, connaissait les Stones mieux que personne, et participait à leurs frasques : il fut même arrêté en Angleterre en 1967, en même temps que Brian, soupçonnés de trafic et d'utilisation de drogue... Or le "refuge" londonien des Stones n'en abritait même pas un microgramme !
Les réflexions de Stash, âgé de 80 ans aujourd’hui 2022), sont révélatrices (il mériterait lui aussi une biographie, bien que moins médiatisé, et ça urge) :
« - A l’époque, on brûlait la vie par les deux bouts : on ne s’imaginait du reste pas qu’on vivrait au-delà de 25 ans alors, on en profitait le plus qu’on pouvait…(…)
- On avait toujours plein de filles autour de nous ! (…)
- Quand au domicile des Stones, on sortait de nos chambres, il nous fallait enjamber quantité de corps allongés devant la porte à même le sol…
- Brian n’était pas aimé de la police anglaise… Il faut dire que les Stones en eux-mêmes constituaient un outrage permanent à la morale ! (…) »
On l’écouterait parler pendant des heures de cette vie apparemment faite de rêves, d’érotisme et de phantasmes oniriques. Et quand on roule en Roll’s, forcément ça vous rend l’individu blasé de toute cette facilité financière à la longue…
La réalisation de Patrick Boudet n’est donc pas avant tout essentiellement didactique (façon Stéphane Bern, ouf !) mais surtout intuitive et ce documentaire est plaisant à suivre.
La vie à deux n’est pas toujours un long fleuve tranquille, alors vous pensez : des tournées à quatre, cinq ou plus…
Déjà durant celles-ci, Brian voyageait, logeait souvent séparément du groupe ce qui ne profitait pas à sa cohésion : les absents ont toujours tort.
Pourtant Bill Wyman (le bassiste d’origine des Stones) disait de lui : « c’est Brian qui a créé le groupe. Il en a choisi les membres. Il lui a donné son nom. Il a choisi la musique qu'on jouait. Il nous a trouvé des concerts… »
Créateur : voilà bien le maître mot qui pourrait qualifier Jones… Mais sa création mise sur les fonds baptismaux, il semblait se désintéresser de son beau joujou…
C’est ainsi qu’il aura eu six enfants de six femmes différentes. Mais l’une d’entre elles a compté plus pour lui que tout au monde : Anita Pallenberg (1942-2017) de 1967 à 1969… On l'appellera… la sixième Stone…
Après avoir été la compagne de Brian, elle le quitte pour un autre Stone : Keith Richard… Mais la jeune femme est accro à la drogue, en exerce le prosélytisme, et en convertira d’autres à la toxicomanie…
Pour Brian, son addiction enfle au point qu’il n’est plus en mesure d’honorer ses contrats,
que ses démêlés avec la Justice n’arrangent pas la disponibilité de son agenda, tout ceci ajouté à son caractère de plus en plus difficile : les autres membres des Stones décidèrent de se séparer de leur fondateur en juin 1969…
La même mésaventure est survenue avec les Pink Floyd et Roger Waters son fondateur, mais pour d’autres raisons et comme disait Kipling, c’est une autre histoire…
A peine un mois après cette éviction, Brian est retrouvé mort dans sa piscine…
Les plus folles raisons ont été avancées sur cette disparition : meurtre, suicide, accident ?
En fait, l’autopsie révèlera que son organisme était particulièrement détérioré : foie et cœur hypertrophiés par la drogue et l’alcool… Ceci après une immersion dans une piscine à plus de 30°, après prises d’alcool et de somnifère…
Mais certaines légendes ont la vie dure. La loi conclura officiellement à une mort par accident…
Pourtant compositeur, il ne sera jamais reconnu comme tel par le groupe, l’influence de Jagger et Richards allant grandissant au fil du temps…
Les autres membres d’ailleurs s’en étonnaient avec agacement : « On sait que Brian compose, mais il ne nous montre jamais ses chansons et on ne sait trop ce qu’il fait de ses œuvres… »
Il a beaucoup innové quand même dans le rock en ajoutant aux arrangements des instruments inédits.
Comme la flûte, le dulcimer, le sitar, un des premiers aussi à utiliser le slide-guitar…
A l’origine, il était guitariste et harmoniciste. A la fin de sa carrière, il savait jouer une vingtaine d’instruments diiférents dont certains peu courants…
Une bien courte carrière puisque c’est la première jeune grande star de cette époque yéyé à être décédée aussi jeune ! Pour son père, c’est sa rupture avec Anita Pallenberg qui aura été la cause du désespoir de son fils… Il en était si amoureux qu’il lui écrivait des poèmes, même après leur séparation….
Des biographies comme celle-là, on en redemande !

Arte : 12.2018- 03.2022-