Berlin Est, 1984.
Georg Dreyman est dramaturge et vit avec son actrice principale, Crista-Maria. Officiellement, Georg est fidèle au Parti mais le ministre de la culture le fait quand même surveiller par la Stasi. Il le demande au lieutenant-colonel Grubitz (joué par Ulrich Tukur qui, dans ce film, est le sosie de Bernard Farcy dans Taxi :o) de la Stasi qui charge le capitaine Wiesler de s'en occuper. Évidemment, rien ne se déroulera comme prévu et Florian Henckel von Donnersmarck fera de nous les spectateurs impuissants d'une histoire d'amour entachée de tromperie et d'une relation ambigüe et discrète se nouant entre deux hommes que tout sépare a priori.
La première chose que l'on sent, c'est le travail de reconstitution des lieux et de l'époque. Les décors, les voitures, les bâtiments sont fidèles à ce que l'on imagine et je n'ai pas été étonné de lire que le réalisateur s'est documenté pendant 4 ans pour préparer son film. Il a discuté avec des anciens membres de la Stasi et fait appel à ses propres souvenirs. Mais, malgré tout, il a tenu à faire une fiction car, selon le directeur du mémorial de l'ancienne prison Stasi, aucun cas décrit dans le film n'a jamais été enregistré et c'est pour ça qu'il a refusé de prêter les locaux de la véritable prison pour le tournage.
Et, effectivement, c'est le seul reproche que j'aurais à faire à ce film. A posteriori, on ne peut que se dire que le cœur de l'histoire, LE retournement de situation du film, aurait été impossible ou presque en réalité. Pourtant, plongé dedans, le rythme, le scénario et les jeux d'acteurs font que ça passe assez bien. Les acteurs jouent avec finesse et retenue et le film est tout en nuances et sous-entendus. Le revers de la médaille est qu'on ne comprend pas bien pourquoi Wiesler fait ce qu'il fait.
Mais ce n'est rien face aux qualités du film. Les personnages, ambigus et secrets, sont campés de fort belle manière par des acteurs et actrices jouant avec justesse. Il y a des scènes bouleversantes, notamment celle du bar.
Crista-Maria part voir son amant mais, bouleversée par sa dispute avec Georg, s'arrête dans un bar voisin dans lequel Wiesler se trouve déjà. Ayant évidemment tout entendu de leur dispute, il l'aborde en se faisant passer pour un fan et réussit à lui remonter le moral.
Cette scène est emblématique du film pour les jeux des deux acteurs et toute la tension qu'ils réussissent à mettre dedans du fait de l'histoire et de ce que le spectateur connaît. La subtilité et les non-dits sont ici maîtrisés et on se sent de plus en plus complice de ces pauvres hères obligés de marcher sur des œufs constamment de peur de finir leur vie en prison, ou pire.
Et pour terminer en beauté, la fin est assez magistrale, mêlant frustration au début puis une vraie scène finale qui allie finesse, discrétion et intensité émotionnelle.