Adaptation sans finesse. Allégée en humour (par rapport à l'œuvre), sans poésie, sans le côté décalé

Adaptation très très moyenne, et qui souvent fait "flop".


Il y a des scènes, il faut avoir lu le livre pour comprendre, c'est pour ça, entre autre, que je n'estime pas le film réussi, ça ne devrait pas être un clin-d'œil à ceux qui l'ont lu. Pour donner quelques exemples, la scène, dans le livre, où il vogue en imagination sur le voilier du Docteur Katz, pour échapper à la réalité, c'est-à-dire sa présence incongrue dans le cabinet du médecin pour un motif absurde, dans le film, c'est réduit à l'image du garçon regardant le voilier, le voilier, quelques micro secondes, et c'est tout, tout est beaucoup trop élusif, comme s'il avait voulu à toute force mettre le maximum d'anecdotes du livre, mais sans les faire vivre. Surtout qu'il en coupe souvent la chute.



Madame Rosa se tourmentait beaucoup pour ma santé, elle disait que
j'étais atteint de troubles de précocité et j'avais déjà ce qu'elle
appelait l'ennemi du genre humain qui se mettait à grandir plusieurs
fois par jour.



Devient... Mais madame la directrice, il a toujours été précoce.
Mais enfin madame, à la dernière visite médicale...


C'est beaucoup moins drôle.


C'est assez peu poussif, ça manque de rythme, et à cause du charcutage des scènes, beaucoup en deviennent inutiles, on ne les comprend plus, qu'il vend le chien, parce que ce n'est même pas une vie pour un chien, par exemple, ce passage voulait dire beaucoup plus que le simple fait de vendre un chien, le sens est perdu... Le petit Momo du livre, dans sa naïveté, a un jour entendu "les prostituées font ça pour se défendre, survivre", et il en a déduit que "se défendre" était le nom qu'on donnait à ce genre d'activité, d'où l'effet comique, dans le film, le personnage de Rosa utilise "se défendre" comme un euphémisme poli, et il a tout faux... Beaucoup de scènes que je trouve mal comprise par le réalisateur, beaucoup trop.


Je me serai attendue à un film beaucoup plus ironique, mordant, humoristique, décalé, comme le texte, plein de vie comme Momo (la vie devant soi, malgré tout) l'humour n'est pas trop au rendez-vous, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de passages qui devaient être drôles dans le texte, mais qui ne sont plus présentés de façon humoristique dans le film. Pour prendre un exemple, et en rester à la scène chez le médecin, suite aux problèmes de Momo, le docteur Katz dit "Je vais prescrire des tranquillisants", on pense que c'est pour Momo, et hop, pirouette humoristique, en fait c'est pour la vieille, les tranquillisants, et dans le film, c'est zappé, le docteur ne ménage pas le suspens, et dit dans la même phrase que c'est pour la vieille. Ça fait flop. Juste un exemple parmi d'autres. C'est dommage. L'humour passe à la trappe à cause d'un mauvais découpage des dialogues, il aurait peut-être fallu qu'une personne dont l'humour est le métier contribue aux dialogues, c'est pas simple et c'est un métier.


Par contre, ils ont aussi allégé les trucs pas très politiquement correct, les blagues raciales, la voix de baryton de la trans Lola, ça faisait trop.


Le côté poétique est aussi passé à la trappe, en fait, il ne reste que le côté réaliste, triste, et la trame du récit. La caméra manque de lyrisme, elle ne s'attarde jamais, et pourtant le rythme lent, même si c'est censé être un univers tout moche, le réalisateur fait le minimum pour le montrer, mais il n'a pas lésiné sur les images marronnasses couleur vomis. J'ai déjà vu des films qui montraient le manque de goût avec plus de goût. Les acteurs en général ne ont pas extraordinaires, sauf Momo qui est carrément mauvais sans expression, même quand il pleure, et terriblement passif, pour le personnage principal, ça la fout mal, ça gâche beaucoup de choses, elle est où l'insolence, et plus grave encore: elle est où la gouaille? C'est pourtant un des pivots du livre, humour, poésie, côté absurde, gouaille, insolence, je ne retrouve rien. Seul point positif: la prestation de Signoret. Le film ne mérite pas les récompenses reçues, mais Signoret, oui.


Voilà, voilou, c'est ainsi que je conclurai: je pense que les gens qui ont aimé le film, l'ont aimé pour ce qu'il racontait, et ils ont en sont redevables directement à Romain Gary, pas pour la façon assez médiocre dont il le racontait.

Perce-Neige
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le 18 nov. 2017

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