De toutes les majestueuses œuvres qui composent la filmographie de Frank Capra, celle-ci est de loin la plus personnelle et la plus touchante. C’est un soir de Noël, un soir de fête et un soir de retrouvaille qui aura pour objectif de nous réconcilier avec tout ce que l’on possède, mais plus important encore, avec tout ce que l’on représente pour autrui. Il véhicule ces valeurs avec une qualité artistique irréprochable dont il a le secret. Il n’y a pas de mouvement inutile du cadre qui nous sortira de cette aventure féerique, pleine d’amour et d’espoir. Le modeste conte de Noël amène ainsi des leçons de vie universelle qui mettent à profit l’âme et la raison qui alimentent notre aura.


La sagesse et la bonté sont deux qualités et défauts qui feront basculer George Bailey dans la souffrance. Mais avant d’en arriver là, il est important de souligner son parcours méticuleux. Il est comme tous ces hommes qui sont généreux et qui ne cherchent rien d’autre qu’à partager. Il ne demande rien en retour, si ce n’est la confiance. James Stewart l’interprète alors avec tout ce qu’il fallait en nuances afin que l’empathie nous saisisse immédiatement. Ses maladresses et sa naïveté sont communes à tous et bien que son lyrisme finisse par atteindre sa tendre et bien-aimée Mary Hatch (Donna Reed), il ne devient pas une caricature du peuple ou alors d’un personnage pour qui la vie se doit d’être vécu. On nous l’introduit non pas comme un bienfaiteur, mais comme un innocent, comme chacun à sa naissance. Et la magie prendra peu à peu forme dans sa vie. Son parcours s’avère logique et ses ambitions semblent intouchables. Mais le drame viendra interrompre ces moments de comédie et de romantisme, qui conviendrait presque à une fermeture de rideau.


Toute la justesse passe par cette étape qui mélange les genres. Il ne sera pas difficile de comprendre les enjeux, car même le premier enfant qui ne sait ni lire ni écrire, aura l’ingéniosité et la subtilité d’apprendre comment fonctionne l’œuvre. Habile dans cette démarche, le metteur en scène italien saisit le contre-pied qui enferme le personnage dans son passé. Et à ce moment-là, c’est le présent du spectateur qui est cristallisé et qui est inconsciemment confronté à celui du héros. Lui-même est confronté à l’absence d’une paternité protectrice et devra se remettre en question, d’où certains nœuds scénaristiques qui n’hésiteront pas à nous provoquer afin de mieux nous émouvoir. Il sera aisé de se placer derrière les bonnes intentions de ce père de famille, de cet homme de tous les jours, de cet homme de « toujours ». Le « système » ne doit alors plus avoir d’impact sur l’humanité et c’est à la croyance de se manifester afin de sauver ce soir de Noël, où George fera face à ses propres démons et ses propres anges gardien.


« La Vie Est Belle » est comme son nom l’indique. Le film évoque et rassure dans son discours. Aucun homme n’est un raté, quelle que soit sa classe sociale, ses problèmes, ses opinions, car il faut parfois savoir chérir ce qu’il n’est plus possible de rattraper. Le travail de toute une vie est d’atteindre ce bonheur qui conquit par sa justesse et son dénouement tire-larme. Le bonheur est un sentiment que Capra adoube avec fierté et sans concessions. Il s’agit de notre cadeau de Noël, à nous spectateur qui sommes là en train de regarder le destin d’un homme, malmené par des situations de vie qui nous sont voisines. On nous fait prendre conscience du plus important en ce monde et il suffisait juste d’être là pour être heureux.

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le 24 déc. 2018

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