"Rien n'est plus nécessaire que le superflu"

Prendre un tel sujet et le confronter à l'humour, le pari était risqué. Cela n'a pas plu à tout le monde, c'est certain. J'ai vu ce film à sa sortie au cinéma, j'avais donc seulement 8 ans. Après le visionnage, je me souviens en avoir voulu à mes parents. Pourquoi m'avoir montré un film avec un sujet pareil... A cet âge-là, je n'ai donc pas retenu les scènes de clown du réalisateur mais plutot la scène des corps entassés dans le brouillard ou encore la fin... ce qui montre bien que malgré l'humour et la joie qu'a voulu intégrer Benigni, on n'en oublie pas pour autant l'horreur du sujet traité. Les polémiques n'avaient donc selon moi, pas lieu d'être. Il est bien évident que le but du réalisateur n'est pas de tourner le génocide juif au ridicule mais plutôt d'apporter un espoir, de montrer que l'Homme n'est pas qu'un monstre, qu'il peut toujours y avoir du merveilleux dans l'existence et que celui-ci peut être apporté et montré par de belles personnes.
Légèrement traumatisée à 8 ans, je n'ai revu ce film que des années plus tard. A ce 2ème visionnage, il est devenu mon film préféré.
La premiere partie de ce film est fabuleuse, tout est parfait au départ: un garçon enjoué, rêveur et optimiste qui tombe amoureux d'une institutrice et la courtise de la plus irrésistible des manières. Tout fonctionne à merveille, à la limite du conte de fée. Il enlève même sa princesse sur son cheval, cheval sur lequel les mots "cheval juif" ont été peints. Le conte de fée est à chaque fois terni par l'horreur du contexte, ce qui montre bien que tout est offert même dans une vie simple pour décrocher le bonheur, le seul obstacle au bonheur de l'Homme, c est bien l'Homme lui-même.
Dans cette premiere partie, le merveilleux confronté quelque peu à l'horreur l'emporte à chaque fois. Puis, arrive la transition avec la seconde partie lorsque Guido, son oncle, son fils et sa femme sont déportés. Là, l'horreur est plus proche de remporter la victoire. C'est sans compter sur l'amour d'un père pour son fils, amour qui le poussera à convaincre son fils que tout n'est qu'un jeu dont le gagnant remporte un magnifique char d'asseau. il est prêt à tout pour cacher la situation à son fils, pour le préserver de cette folie. Pour cela, il utilise le rire et le mensonge mais le mensonge ici est louable. En faisant cela, Guido sauve l'innocence, l'enfance et le bonheur de son fils jusqu'à la fin du film ou même face à son destin funeste il continue de vouloir faire sourire son fils. Il brave aussi le danger en déclarant son amour à sa femme tout en étant dans les camps: quelques lueurs du "merveilleux" passé qui reviennent même dans le pire des contextes.
Face à l'atrocité de ce qu'il vit, il continue de s'accrocher à ce qui fait la beauté de l existence.
Ce film est vraiment un chef d'oeuvre. Merci infiniment Roberto Benigni.