Étude comparée de La vie est belle et Maman j’ai raté l’avion


Si le rapprochement de ces deux films peut sembler déplacé, en choquer quelques-uns voire paraître un outrage pour certains critiques un peu trop dogmatiques, de nombreux points communs en font cependant des proches. Expliquons-nous.


1) D’abord, bien sûr, ce sont deux incontournables des fêtes de fin d’année, puisqu’ils ont lieu tous les deux pendant cette période (tout du moins le dénouement dans la Vie est belle, point d’intérêt majeur qui est resté dans les mémoires du cinéma) et qu’ils véhiculent tous les topoï du genre : charité passagère, la neige et son blanc manteau, les enfants, le sapin, les cadeaux, le feu de cheminée – en somme, une excellente pub pour coca-cola. Rajoutez-y une tonalité légère avec un humour bon enfant, une histoire simpliste, deux camps qui s’opposent, une morale toute faite et une fin heureuse et vous avez deux générations réunies dans une même famille : le genre du film de Noël à l’américaine.


2) Ensuite, second point commun, l’invraisemblance qui les traverse, avec ce soutien divin (ange gardien) et populaire (entraide aveugle) chez l’un, et cette incroyable situation de départ suivie de la succession de gags impossibles chez l’autre. Mais le sacrifice de la règle de vraisemblance se fait au profit d’une morale vertueuse qui justifie tout dans cette Amérique bien-pensante, patriote, familiale et catholique, aux bons sentiments qui affleurent, surtout la veille de Noël. C’est notre dernier point.


3) La morale, donc. Pendant toute l’année, c’est chacun pour sa gueule mais le soir de Noël on s’aime tous. Que c’est beau ! Vous me direz que c’est tout le contraire que vise à démontrer Capra, avec ce héros qui pensent plus aux autres qu’à lui-même, à l’opposé de ce salaud de Potter, sans cœur ni famille. Pourtant il est bien seul, ce sacré George, avec certes le soutien des siens et de ses collaborateurs, mais rien de la part du reste de la société qui ne fait que profiter unilatéralement de sa bienveillance, prêt d’ailleurs à tout faire couler pour 50 cents l’action (si ce n’était l’intervention magique du réalisateur, qui permet de tout résoudre, même quand on se dit que c’est foutu et que tout le monde ne pense qu’à sa gueule. Miracle de démiurges). Pareil chez Colombus, avec la vieille clocharde effrayante, les insupportables cousins et les parents qui cassent les pieds. Tout ce beau monde qu’on a rejeté, fui, voire haï, on l’aime maintenant, on veut le prendre dans les bras, lui dire qu’on fait partie d’une même humanité qui doit s’entraider pour lutter contre les forces du mal (que ce soient ces stupides voleurs ou Potter).


On peut rajouter les raccords ratés (surtout dans La vie est belle, où ils foisonnent), l’ambiance bizarre à la fois triste et festive ou cette impression constante que tout n’est que mensonge, illusion, rêve (ou cauchemar). Et, pour clore, cette citation, dans le film de Colombus, de celui de Capra, quand la famille est à Paris. Parce que (autre cliché) les Français aiment les vieux films, les passent à la télé et n’en disent que du bien parce que c’est de bon ton, alors qu’un Américain, c’est con, ça bouffe et boit tout et n’importe quoi et ça rote bêtement de satisfaction après.

Marlon_B
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le 20 janv. 2021

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Marlon_B

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