Même les anges veillent sur James Stewart !

Il y a des films pour lesquels il est toujours difficile d'écrire une introduction, vous supprimez, puis réécrivez ce que vous venez d'effacer, puis vous réalisez que c'est nul et ça dure un bon moment, c'est exactement l'effet que ça me fait en essayant d’apposer quelques mots sur It's a Wonderful life. Je ne sais pas trop par quel bout prendre ce monument qui a traversé les décennies et qui 66 ans plus tard continue non pas d'être simplement le rendez vous classique des fin d'années, mais avant tout le précurseur du fameux Feel-Good Movies qui en a inspiré tant d'autres.

Parfois c'est aussi dans sa simplicité apparente qu'une œuvre puise sa force, des milliers de films se sont cassés les dents en offrant des récits similaires sur le papier, mais qui sombrent dans la mièvrerie larmoyante, indigeste et insipide.
Pourtant La Vie est Belle dans son emballage laisse penser que rien ici ne mérite de tels éloges, bourré de bons sentiments sous fond de veille de Noël, très manichéen dans son approche, le méchant aigri contre le gentil rêveur, et enfin une romance au milieu viendra parachever l'amas de clichés que l'on peut recenser.
Alors pourquoi ce film est particulier, pourquoi nous laisse t-il un sourire béat alors que tant d'autres donnent envie de zapper pour dériver sur un Die Hard ?

Et bien pour de nombreuses raisons, tout d'abord, les autres n'avaient pas Capra derrière la caméra qui use ici de tout son talent pour donner vie à la ville imaginaire de Bedford Falls ainsi qu'à tous ses habitants. Et qui loin de se contenter des poncifs du genre n'hésite pas à mêler à son conte fantastique des thèmes forts et dérangeants, la crise économique, la mort, le suicide. Ils n'avaient pas non plus un James Stewart en état de grâce qui nous inonde d'une innombrable palettes d'émotions et insuffle à son personnage les forces et les faiblesses nécessaires pour qu'on s'attache à lui contre vents et marées. Et puis je ne crois pas que les autres avaient l'inoubliable Henry Travers dans le rôle de cet ange mystérieux.

It's a Wonderful Life, c'est la consécration d'un réalisateur que l'on réduit parfois à un homme naïf et optimiste à l'extrême et qui pourtant continue de faire rêver chaque année un peu plus de monde. Conte fantastique, romanesque et poétique, ce récit plein d'espoir se savoure avec délectation. Si ce n'est pas encore fait, venez vite découvrir l'histoire du fameux George Bailey qui ne vous laissera pas de marbre dans cette poussée d'émotion finale qui fera fondre le cœur des plus endurcis.

Petit udapte façon Gérard Rocher :

Mais j'ai beau l'avoir vu 7 ou 8 fois, quel émerveillement les amis que de voir cette hymne à la vie sur grand écran. Ce dosage entre humour et émotion, cette symbiose parfaite d'une ville créée de toute pièce plus vraie que nature. Et bien sûr Jimmy, il ne cessera de le répéter, mais It's a Wonderful Life reste son film préféré parmi les 80 dans lesquels il a pu jouer pour plusieurs raison à mon avis. Nous sommes en 1946 et cette coupure dans sa carrière durant la seconde guerre mondiale a laissé des traces, marqué, attristé, perdu, il se remettra en question sur sa capacité à jouer et sur le métier même d'acteur. C'est Lionel Barrymore lui même ( le grand méchant du film ) qui finira par le raisonner et pour quel résultat les amis ? Celui du plus beau film du monde porté par un Stewart à l'énergie démentielle qui change de registre et offre une telle humanité à Georges Bailley sans pour autant sombrer dans la perfection qu'il n'en est que plus humain. Un homme porté par les anges qui fut sauvé juste à temps pour connaitre une histoire extraordinaire au côté d'Hitchcock, Mann, Ford ou Preminger. En ce sens comment ne pas être bouleversé par son sourire radieux durant ce final, ce n'est plus Georges qui sourit, mais Jimmy, le personnage a laissé place à l'acteur qui vient de retrouver sa vie d'antan, les doutes se sont évaporés laissant place au soulagement et la joie d'une nouvelle vie qui se dessine. Celle d'un acteur de légende, le plus grand de tous les temps probablement et si tu as pu ne serait-ce que qu'avoir un poids dans ce destin hors du commun Lionel, je te pardonne volontiers d'avoir conservé ces fameux 8000 dollars qui ont causé tant de torts à Georges. Merci l'ami, la Vie est belle après tout.

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le 22 sept. 2013

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