La Vierge, les Coptes et Moi par Patrick Braganti
L'autofiction nourrit largement la littérature et dans une moindre mesure le cinéma. La porosité ici à l’œuvre entre fiction et réalité, mise en scène et prise directe altère sans doute le jugement face à une proposition d'abord agaçante (car nombriliste et à la limite du communautarisme) avant qu'elle ne devienne franchement intrigante et passionnante lorsque enfin le réalisateur, loin de la France et de sa mère envahissante dans un premier temps - ce qui laisse penser que les mères coptes n'ont rien à envier à leurs consœurs juives - trouve ses marques et livre une intéressante leçon sur les parallèles entre les religions et surtout sur la puissance et la magie du cinéma. Comment en effet ne pas établir un lien entre l'apparition plus ou moins fantasmée de la Vierge - dont le territoire égyptien a connu quelques épisodes notoires - et celle d'un cinéaste capable de mettre en scène sa propre vision d'une apparition peut-être bien profane, mais pas moins porteuse d'espérance et de communion. Une passerelle sans doute audacieuse mais non dénuée de fondement qui sous-entend que la création cinématographique tient le plus souvent du miracle - entre autres dans la constitution d'un budget qui donne ici des sueurs froides à un lointain producteur bientôt relayé par une mère dynamique et organisée. C'est un objet curieux, surprenant, scintillant d'intelligence et d'à-propos qui rend en creux un bel hommage au septième art, capable de faire écarquiller les yeux pleins de larmes ou de rires de spectateurs de tous âges fascinés, quels que soient leur culture et leur couleur de peau. Une bien jolie leçon d'universalisme et de croyance en la puissance de l'art.