Je regrette toujours de ne plus avoir de série de fiction de Ricky Gervais à me mettre sous la dent, alors je me suis penché sur les films qu'il a fait. Il y avait Ghost town donc, les notes ne sont pas terribles mais je me suis dit que vu le haut niveau d'humour des créations de Gervais en général, et le peu de films qu'il a fait, il doit être exigent par rapport à ce dans quoi il joue. Donc Ghost town ne pouvait pas être aussi mauvais que ça.
Bon, à l'instant, IMDb m'a rappelé qu'il a joué dans les Une nuit au musée...
Mais The invention of lying, qui se tapait une sale moyenne aussi, était une très bonne surprise !
Gervais joue Bertram Pincus, dentiste aigri, ou plutôt, désintéressé par toutes les futilités qui font la joie des gens ordinaires. En fait, je me suis identifié à lui. Ce type blasé, qui ne comprend pas l’intérêt qu’on puisse porter au temps qu’il fait, ou aux photos d'un nouveau né, etc… Sauf que lui, il ne fait même pas semblant de ne pas s’en foutre.
Suite à une opération durant laquelle il est mort pendant (un peu moins de) 7 minutes, il se retrouve avec le pouvoir de voir les fantômes restés sur Terre parce qu’ils ont une tâche inachevée. Une idée assez naïve, comme le fait que dans cet univers, passer à travers un fantôme fait éternuer (si c’était le cas, je pense qu’on éternuerait bien souvent), et surtout toutes les règles, toutes les situations liées à ces esprits, font ressembler Ghost town à un assemblage d’un tas de fictions diverses qu’on a déjà vus (Ghost, Casper, Ghost whisperer, 6ème sens, …)
On retrouve évidemment les quiproquos habituels quand le protagoniste ignore encore son pouvoir, mais le pitch, bien que peu original, nous fournit quand même des situations bien amusantes.
Un dénommé Frank, joué par Greg Kinnear, vient à la rencontre de Pincus pour réclamer son assistance : il veut sauver son ancienne épouse de son nouveau fiancé, qui en voudrait à son argent.
Or, dès qu’il voit Gwen, Pincus tombe amoureux d’elle. Il l’ignore, mais il l’a déjà croisée en réalité : elle est sa voisine depuis des années et il s’est toujours comporté comme un connard avec elle.
Là encore, on retrouve un schéma bien connu, celui du lourdaud qui conquiert la belle, et peu importe à quel point la femme déteste le personnage principal, on sait bien en avance qu’elle va tomber sous son charme, aussi absent soit-il jusqu’alors.
Quelques idées changent la donne malgré le classicisme de la situation, par exemple la femme étudie une momie, et c’est l’analyse des causes de sa mort qui réunit les personnages. La séquence les rapproche de façon à la fois drôle et inattendu.
Mais globalement, comme d’habitude, la progression de la relation est irréaliste ; Gwen ne supporte pas Pincus au départ, mais deux rencontres plus tard il la fait hurler de rire (pour des trucs pas si drôles que ça, en plus).
En revanche, le héros se demande au bout d’un moment en quoi le fiancé est si mauvais, et c’est un bon point pour le film que de ne pas automatiquement montrer le rival comme quelqu’un de méchant. Au contraire, je trouvais incompatible au départ sa personnalité avec le fait qu’il soit présenté, par l’époux décédé du moins, comme une menace.
Le mélange entre la comédie romantique et l’aspect fantastique est sympa, ce sont pour le film deux grandes sources d’humour, mais la fin surprend en liant intelligemment ces deux éléments, les fantômes s’avérant instrumentaux dans l’évolution du personnage de Pincus.
Au niveau de l’écriture toujours, j’ai trouvé que Ghost town est pleins de répliques brillantes ; en même temps, je suis toujours friand des réflexions de gens aigris, déprimés, ou blasés :
"All work and no play makes Jack… a valuable member of society"
"I met a woman. The kind of woman that makes you want to go back in time to before you met her. Whatever the hell life was then, it’s not as bad as the hell now. Knowing she’s out there and you can’t have her".
Etrangement, il y a d’autres points où l’écriture fait défaut, il s’agit de détails, mais Frank mentionne que convaincre les gens faisait partie de son job, alors qu’on n’apprend jamais quel était son boulot précisément (avocat, je suppose ?), et entre sa mort et sa rencontre avec Pincus, un an s’écoule sans qu’on nous le signale de suite.
Le travail du réalisateur, David Koepp, est pourtant avant tout scénariste ; et il a écrit pour Sam Raimi, Brian de Palma, et David Fincher, donc bon, c’est pas vraiment n’importe qui.
Malgré les nombreux défauts que je cite, ce sont les qualités de Ghost town qui priment.
Le film n’est pas très original, mais ça ne l’empêche pas d’être drôle ni même un peu touchant. Et j’ai eu l’impression de retrouver avec Ricky Gervais un peu de sa touche habituelle, pas juste dans son jeu mais même dans les répliques de son personnage.