Depuis ses débuts dans le cinéma, Carine May ne parle que d'une chose, la banlieue, qu'elle connaît remarquablement. Mais plutôt que de porter sur celle-ci un regard misérabiliste, elle préfère mettre en avant les forces vives qui la nourrissent et la difficulté que rencontrent les jeunes désireux de sortir de cette "prison". Prison sociétale, prison intellectuelle où l'art peut servir de bouée de sauvetage.
Après "Fais croquer" (1) dont elle avait signé le scénario, Carine est passé à la réalisation en compagnie de Hakim Zouhani avec "Rue des cités" (2) sorti en juin dernier puis avec ce court, "La Virée à Paname".
Cette virée a beau être pleine de vie, de générosité, elle manque d'ampleur, de folie. On a presque l'impression de voir un copier/coller de "Fais croquer" tant les thèmes et l'angle d'attaque sont proches, la fraîcheur en moins.
Carine May confirme ici qu'elle est une disciple du gourou Kechiche, le talent de direction d'acteurs en moins. Et c'est bien entendu là que le bât blesse. Là où le tyran, en bon adepte de Pialat, fracasse, concasse, tabasse ses comédiens pour en sortir la substantifique moelle, la gentille Carine semble les caresser dans le sens du poil, n'en tirant donc pas grand-chose.
A l'image de cette interprétation, "La Virée à Paname" est hésitant, tiède, semblant un brin perdu.
(1) http://www.senscritique.com/film/Fais_croquer/critique/14777725
(2) http://www.senscritique.com/film/Rue_des_cites/493580