Fille d'un petit éleveur de vaches et de porcs, Sophie Vasseur, brillante élève de classe terminale (avec un don pour les math), choisit, encouragée par le professeur de cette matière, d'aller au lycée Descartes de Lyon suivre une classe préparatoire (Math-Physique de deux ans : d'abord Math. Sup., puis Math. Spé.) aux grandes écoles scientifiques (Polytechnique, Centrale, Normale Sup., école des Mines, etc.). Et pour suivre cette prépa., elle obtient une bourse.
Le film raconte le dur combat qu'elle livre, la première puis deuxième année, pour tenter d'être admise dans l'école qui l'intéresse le plus ( parce que, comme lui a dit le prof qui l'encourageait, "elle est la voie de tous les possibles", la "voie royale") : Polytechnique.
L'histoire de ces deux ans, pendant lesquels elle bûche à mort pour d'abord se mettre à niveau, puis être parmi les meilleurs, afin de présenter le concours d'entrée à Polytechnique avec une chance d'être admise, pourrait être archi-aride. Le réalisateur et les co-scénaristes réussissent à rendre ça passionnant. Par quels artifices ? Un découpage très habilement dosé entre différents moments (agréables ou difficiles) de sa vie d'étudiante en prépa scientifique ; des dialogues bien écrits, jamais lourds, jamais "prise de tête" ; une progression dramatique soutenue ; pas de temps morts ; des comédiens, dans l'ensemble, jeunes, beaux, talentueux qui m'ont parfois fait penser à ceux jouant dans Les Amandiers (de Valéria Bruni Tedeschi). Il y en a au moins cinq qui méritent d'être cités, parce qu'ils crèvent l'écran. 1. Suzanne Jouannet est une très crédible Sophie Vasseur dans le rôle de la bûcheuse à la fois brillante, mais complexée, "craqueuse" mais forte, et qui ambitionne la "voie royale" vers quoi ? La réussite sociale (peut-être pour "venger" ou/et aider ensuite ses père, mère et frère dans leur difficile "struggle for life" de petits éleveurs obligés de "se serrer la ceinture" pour subsister face aux grands groupes multinationaux qui cherchent à les absorber et les faire disparaître) ? Ou autre chose de plus idéaliste ? 2. Marie Colomb, dans le rôle de sa brillante copine Diane, lui volerait bien la vedette (elle est franchement sublime et dotée de tous les talents), sauf que dans le film, elle est une comète, presque un faire-valoir de Sophie Vasseur. 3. Maud Wyler, une comédienne tout à fait remarquable qui, dans le rôle ingrat et assez limité de professeur de math-physique au lycée Descartes, révèle une frémissante sensibilité, tout en nuances et expressions de visage. Côté mecs, deux se détachent. 4. Cyril Metzger, dans le rôle du frère de Sophie Vasseur : il a beaucoup de présence, un charme rugueux, inexplicable. 5. Lorenzo Lefebvre, bien aussi dans un autre style, un gentil fils à papa, qui redouble sa "Math. Spé." et qui, plus ou moins amoureux de Sophie, va l'aider quand elle en aura besoin.
Quant aux autres acteurs, ils ont moins les feux de la rampe, mais sont tout aussi bien choisis et très bien dans leurs rôles respectifs.
Que dire d'autre ? J'ai trouvé le scénario plutôt habilement écrit, variant les scènes et les moments (pas toujours 100% crédibles : on n'oublie jamais vraiment que ce qu'il y a à l'écran, c'est un film fabriqué à fins essentiellement commerciales), réussissant à créer une sorte de suspense, réussissant à vraiment nous intéresser à la vie de tous ces jeunes "matheux", à ce qu'ils sont, à ce qu'ils visent, ce après quoi ils courent. L'argent ? Le pouvoir ? Changer le monde ? Le rendre meilleur ?
J'ai aimé le film. Il m'a presque fait regretter d'avoir toujours fui les math dans mon cursus scolaire et universitaire.
En même temps, le film est une pub à peine déguisée pour l'option prépa aux grandes écoles scientifiques ; genre, c'est dur et il faut s'accrocher à mort (même quand on est hyper doué), mais quelle vie intense et chaleureuse on peut mener pendant ces deux années et comme c'est grisant d'appartenir à l'aristocratie de l'esprit et de se battre pour être demain des leaders du pays (les anciens élèves du lycée Descartes ou, en tout cas, des prépas scientifiques, étant Bernard Arnault, Xavier Niel, Patrick Drahi, Giscard, etc.).
Il y aurait sûrement pas mal d'autres choses à dire du film, notamment d'un point de vue technique : décors, costumes, photographie (lumière, cadrage...), montage, tout ça me paraissant très correct, sans que je sois un spécialiste du domaine. Mais je vous laisse découvrir cet aspect (et le reste) par vous-même. Le film n'est pas inoubliable, mais il mérite d'être vu et on sort de la projection, en ayant le sentiment de s'être à la fois diverti et enrichi mentalement.