Adapté d'un roman pour adolescents australien (The Book Thief - 2005), La Voleuse de Livres raconte le quotidien de Liesel (Sophie Nélisse), une allemande d'une dizaine d'années vivant avec sa famille près de Munich pendant la IIe Guerre Mondiale. Nous aurons le droit à l'habituelle description de la sauvagerie nazie et de ses légions mesquines. Il y a plus intéressant, c'est la volonté du film de consacrer la culture comme un outil de résistance. Depuis son îlot perché au milieu de l'hystérie nazie, Liesel aère son esprit et éveille sa moralité.
En d'autres termes, c'est du Hannah Harendt kitsch, distillé au filtre ''humaniste'', conçu pour les enfants et la famille. Mais : comme d'habitude. Alors au-delà, le film est-il valable ? Il est sympathique, bien façonné et sait faire vivre ses ambitions. En outre, pas de torrents larmoyants, au point d'ailleurs d'une certaine difficulté à faire passer l'émotion.
Pour autant il se suit avec un certain plaisir. Le spectateur profite de la reconstitution d'une époque, la création d'une ambiance. Les portraits sont un peu creux, à l'exception de celui de la mère, femme de poigne mais surtout lessivée interprétée par Emily Watson. Les idées sur la paix sont un peu redondantes, la narration par la Mort pas spécialement pertinente, mais rien ne choque à cet égard : le travail est fait.
C'est finalement un joli divertissement, banal et charmant, un petit drame sobre et équilibré. S'il avait voulu faire passer un message spécial, il échoue et c'est plutôt un bénéfice pour lui. En évitant d'être un pensum, il est juste humain et raconte une bonne histoire. On craint qu'il nous rejoue le coup de l'optimisme obstiné façon La Vie est Belle, mais il ne fera que flirter avec cet écueil. Seul bémol, la présence du juif caché sous l'escalier et son amitié avec Liesel n'aboutissent à rien de concluant.
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