"La Volonté du mort" (ou The Cat and the Canary en version originale beaucoup plus ludique) constitue une sorte de double retour aux origines, avec d'un côté la matrice d'un sous-genre horrifique et de l'autre la matrice des similis Cluedo cinématographiques. Drôle de mélange, y compris dans sa composante horrifique, avec quelques écarts presque comiques tout à fait impromptus. Sous prétexte de partager un héritage, une série de personnages ayant un lien familial se retrouve réunie dans un lugubre manoir 20 ans après la mort d'un riche vieillard. Ce sont les chats du titres anglais, avides de dévorer (la fortune du) le canari Cyrus West, mais projetés dans le cadre d'une sorte de manoir hanté. Des rebondissements incessants viendront contrarier les attentes de chacun, avec l'apparition de créatures mystérieuses, fantômes pour les uns, mains velues pour les autres. Le film s'autorise quelques excursions du côté du fantastique gothique, avec un certain sens du baroque. Même si la progression narrative ne constitue pas un argument d'une solidité irréprochable, Paul Leni a recours à divers procédés techniques plutôt impressionnants pour l'époque, témoignant une audace formelle très intéressante du point de vue historique. L'effroi est aussi très bien géré, il fonctionne encore un siècle plus tard. Des travellings avant le long de couloirs menaçants, avec des rideaux balayés par le vent, des affrontements à la lueur de lampes torches, des gros plans sur des visages (et un œil, avec un médecin franchement flippant), et dans le dernier temps un montage parallèle qui converge vers un climax travaillant assez bien son suspense.