Mise en scène étouffante, option caméra de surveillance. Zone of Interest a de quoi déranger. Plongé dans le quotidien d’une famille allemande qui déménage dans la maison de leur rêve – chien inclus, précisément de l’autre côté d’une horreur en cours, appelé Auschwitz Birkenau. Film sur le bruit d’une folie sanguinaire, film sur l’horreur de l’Histoire en toile de fond d’une tragédie personnelle. Hoss, général de l’armée Nazi, se voit contraint d’accepter une autre mission, et de quitter la maison de ses rêves, celle dont nous [ils] rêvons depuis que nous avons 17 ans s’exprime t’ils envers sa femme, aux abords d’une rivière dans une des scènes qui nous réveille dans un film où la déchéance des personnages se fait davantage graduellement que sur des coûts d’éclats. Dans cette romance sourde, dans ce conflit personnel en parfaite déconnexion avec la solution finale qu’organisent les généraux entre eux, faudrait-il t’on y voir une banalité du mal, telle que pensée par Hannah Arendt ? Les logiques des nazis sont les mêmes, indépendamment des états d’âmes de chacun. Pour le personnage principal, dont le spectateur peut tour à tour éprouver de l’empathie, il n’en reste pas moins que cette dernière porte en lui une banalité du mal et une force à l’exécuter. Zone of Interest est une vraie proposition, qui se démarque des autres films sélectionnés aux Oscars.