Fermes les lumières, les portables, arrêtez de parler à l’ignorant situé à votre gauche et disposez de la leçon de cinéma offerte par Kim Chang-Hoon, qui pour son premier film surclasse bon nombre de ses camarades de la promotion Un Certain Regard 2023. Les plus observateurs auront remarqué la présence au casting de la star coréenne Jong-ki Song, héros de la série Netflix Vincenzo et du film Descendants of the Sun, également produit par la plateforme de streaming américaine. Venu filer un coup de pouce à son ami Kim (qui n’en aurait même pas eu besoin), il campe le rôle de chef du cartel local, qui va donner les ordres au protagoniste (Xa-bin Hong), un jeune homme qui a reçu la violence en héritage et la loi de Talion comme mode de conduite. S’engageant dans la pègre local, pour qui il va devoir rendre des services, il va progressivement grimpé jusqu’à rater un coup - ni gifle ou redressement, ici on parle d’ongles arrachés et de main coupé. De la séquence d’ouverture ,avec la pierre explosé sur le crâne de l’étudiant ; jusqu’à l’avant dernière séquence, sommet d’une violence inouïe couleur barbelé, Kim Chang-Hoon n’exprime à l’écran qu’une violence conceptualisée, psychologique, et qui semblerait presque logique et implacable. L’alcoolisme et la violence du père on fait de son fils qu’un héritier du mal, et n’évoluant qu’en son sein, n’a finalement que deux options : rester ou fuir. La séquence finale parle d’elle même, dans une poésie qui prend à rebours la teneur du film et l’effroi, le souffle coupé qu’il nous produit pendant plus de 120 minutes.