Présenté à Cannes en mai dernier dans la sélection un certaine regard, Hopeless a conquis nombre de ses spectateurs, à tel point qu’il jouit aujourd’hui d’une aura de petit film culte, certains critiques le comparant aux Affranchis ou aux exercices mafieux de De palma.
Certes le cinéma coréen, à la suite de ses glorieux ainés a acquis un certain savoir-faire dans le traitement des scènes de violence, en jouant beaucoup sur l’inattendu, le hors contexte pour ménager un habile effet de surprise, à la manière des scènes horrifiques dans les films d’épouvante. Effectivement le réalisateur, Kim Chang-Hoon (dont c’est le premier film) fait preuve dans ce domaine d’une belle maîtrise, tutoyant parfois le virtuose, mais la comparaison semble quelque peu hasardeuse.
Dès sa première scène, où l’on découvre Yeon-gyu jeune lycéen de 17 ans frappant sauvagement un de ses congénères, Hopeless est effectivement ancré dans la violence, mais également dans un univers sombre, ou l’espoir n’est qu’un mirage lointain, inaccessible (Yeon-guy rêve de vivre en Hollande -le pays-, son eldorado). Le jeune homme, malgré la tendresse de sa mère et de sa demi-sœur peine à trouver sa place dans une famille dysfonctionnelle, sur laquelle un beau-père alcoolique et violent règne en despote.
Esclave de ses pulsions, il n'a pas la force de trouver d'autre échappatoire que la violence et peu à peu délaisse le lycée (il est également serveur). Très vite la situation s’aggrave lorsqu’il apprend à ses dépens que le « congénère » qu’il a violemment frappé est le frère d’un membre de gangs de voleurs de moto, de harcèlement en combats perdus d’avance, notre héros va peu à peu éprouver une certaine fascination pour le chef de gang qui le prendra sous son aile.Ce sont donc les premiers pas d’un homme contraint, dans (ou plutôt vers) la mafia, mais une mafia qui contrairement à celle des films de Scorsese n’a pas cet attrait lumineux de l’argent et des femmes faciles, ici les basses besognes ne s’accomplissent pas dans la joie et ne confèrent pas de sentiment de liberté renforçant encore la sensation d’impuissance et le besoin de …violence.
Bref un cercle vicieux qui finit par lasser, tant le récit se perd dans la sur explication, la surexposition de la brutalité pour appuyer l’idée de désolation ressentie par le et même les personnages, ce qui donne une désagréable impression de lourdeur à l’ensemble, alors même que les dialogues sont parcimonieux et se limitent à exprimer l'essentiel. Pourtant le contrepoint est là présent dans le film, reposant pour beaucoup sur les frêles épaules de Ha-yan, la demi-sœur, à la fois tendre et bienveillante, un personnage et des sentiments que l’on aurait souhaité plus présents,
à l’image de La belle scène finale, une fuite à moto, poétique, intime vers, pour trouver peut-être enfin un horizon plein d’espoir