Je reproche à beaucoup de films de ce genre, que l’on pourrait qualifier d’expérimentaux, de prétendre réaliser une grande œuvre, sans aucun dialogue ni scénario réellement étoffé, si ce n’est celui de montrer la vie familiale de Rudolf Höss, qui habitait juste à côté d’Auschwitz, l’enfer sur terre. Si certaines images captivent et émeuvent, comme l’impassibilité du monstre qui fume paisiblement sa cigarette devant le camp de concentration, ou horifient lorsque l’on comprend que le potager familial est alimenté par la fertilité des sols remplis de cadavres de juifs, ces 1 heure 45 ne peuvent se justifier. Un documentaire, appuyé par les images du film, aurait sans nul doute passionné et retenu l’attention du spectateur, mais ce film silencieux et presque sans musique déroute dans le mauvais sens du terme.
L’œuvre servira de prétexte aux pseudo-cinéastes prétendument 100 fois plus éclairés que le commun des mortels pour le glorifier d’un prestige immérité et en faire un long métrage de tout premier plan. Seulement, ne pas aimer ou même détester ce film ne montrera pas que vous êtes passé à côté, mais bien au contraire que vous préférez Le Pianiste de Polanski ou La Liste de Schindler, incomparablement plus fouillés et plus grandioses que cette Zone d’intérêt bien décevante.