Après avoir passé les 4 minutes de sons et d'écran noir, vous tomberez sur des nazis en slip qui piqueniquent au bord d'une rivière. Bienvenue en Pologne, ses beaux paysages, ses montagnes, ses forets, ses rivières, son climat doux l'été, rude l'hiver, ses camps de concentration, ses occupants Nazis ...

Jonathan Glazer a qui l'on doit Under the skin (sorti 10 ans plus tôt) part d'une idée intéressante pour montrer la banalité du mal (concept développé par Hannah Arendt) dans un film consacré à la déportation et à l'extermination des juifs : montrer la vie de famille paisible de Rudolf Höss, commandant du camp d'extermination d'Auschwitz avec son épouse (Sandra Hüller, encore elle) et leurs 4 enfants, dans leur maison qui se trouve de l'autre côté du camp, juste derrière un mur qui n'a de fonction que de séparer, mais n'empêche pas de voir les fumées qui sortent presque en permanence des cheminées des fours crématoires où l'on incinère les juifs les moins utiles (hommes, femmes, enfants) après les avoir gazés. On entend aussi les cris de ceux qu'on maltraite, ou le bruit des coups de feu quand on tire sur l'un qui tente de s'échapper ou pour telle ou telle raison nazie.

Mais cela ne semble pas déranger Madame Höss, femme qui n'existe que par l'intermédiaire de son époux et qui entend vivre une vie sinon normale, une vie telle que le Führer Adolf Hitler la considère comme le meilleur type de vie : une vie à la campagne, au grand air. Car y a t il un meilleur endroit pour élever des enfants ? Madame Höss ne le pense pas, c'est pourquoi lorsque Höss est nommé inspecteur des camps, elle refuse de le suivre. Sa vie est à Auschwitz, n'est-elle pas après tout, comme elle le dit en rigolant à sa mère en visite (et qui partira en laissant seulement un mot) la "reine d'Auschwitz". Quand au mari Monsieur Höss, il n'a rien à voir avec le Amon Göth de la Liste de Schindler : il ne s'agit pas d'un fou cruel et sanguinaire qui s'amuse à tirer depuis son balcon au petite déjeuner sur les prisonniers de son camp, non, c'est un homme doux, calme, qui lit des histoires à ses enfants avant de se coucher et les emmène en excursion.

La force de ce film est bien sûr dans sa suggestion - d'une manière différente que dans Le Fils de Saul -, puisque l'intérieur du camp ne sera jamais montré, sinon vide à la fin et transformé en musée. On voit le camp par l'intermédiaire de la vie de la famille Höss, Madame fière de son jardin et de sa petite piscine avec toboggan. On entend le bruit, on imagine les odeurs. Tout est fait pour cacher cette réalité macabre à laquelle on ne peut échapper.

Cependant, si l'idée est intéressante, elle montre vite ses limites, et Jonathan Glazer n'a malheureusement pas le talent d'aller plus loin que cette idée qui aurait pu être montrée facilement en un court ou moyen métrage. Les scènes en "vision nocturne" parfaitement inutiles et très laides sont là pour le montrer.

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le 27 févr. 2024

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Hunkarbegendi

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