The Zone of Interest était le film de 2024 que j'attendais le plus et même si je n'ai vu aucuns films de Jonathan Glazer, c'est en regardant les deux trailers que j'ai compris l'engouement autour du film et que ce que j'allais voir dans quelques mois allait être unique et captivant.
Donc je prends mon billet, je m'installe dans la salle et j'admire.
Et sincèrement je n'avais jamais senti une atmosphère aussi glaçante que dans cette salle de cinéma.
Le film suit de manière assez romancée le quotidien de la famille du commandant du camp d'Auschwitz Rudolph Hoss.
Le travail visuel et sonore est bien sur admirable, chaque plan est d'une perfection assez flippante par rapport à la thématique abordée, on veut montrer l'horreur avec un esthétisme irrationnel, précis et millimétré notamment avec l'utilisation de la symétrie, d'une diversité de plans assez unique et de décors rappelant les liminal space, les personnages sont écrasés par le décor faisant partie intégrante de l'ambiance qui se dégage du film, en effet on peut deviner ce qui passe en arrière-plan, derrière ces murs et cette fumée, tout est suggéré, et c'est par cette imagination forcée du réalisateur qu'on se sent mal à l'aise et que le film est puissant.
L'horreur n'est pas directement montrée mais on peut l'entendre et c'est aussi ce parti prit qui rend l'expérience unique grâce à un mixage sonore composé essentiellement de cris et de la pollution sonore du camp rendant les scènes dans la maison familliale cauchemardesques.
Le montage et l'alternance des ambiances sont aussi uns des points forts du film selon moi, le réalisateur passe d'un scène montrant le quotidien banal d'une famille allemande à une conférence de hauts dignitaires nazis sans complexes et c'est ça qui fait la magie de ce film.
C'est ce découpage des scènes brut et clivant qui apporte au film un côté indigeste mais fascinant à la fois.
Sans parler de l'interprétation des deux acteurs qui semblent être nés pour leurs rôles, surtout Sandra Huller qui enchaîne les masterclass.
Malgré toutes les qualités techniques et artistiques que j'ai pu louer au film la chose la plus importante, à mes yeux, c'est l'impact émotionnel et sensoriel qu'il a eu sur moi, je n'ai pas pris du plaisir à le regarder mais j'ai vécu une grande expérience cinématographique, j'ai ressenti des sentiments assez uniques pendant et à la fin qui m'ont questionnés sur énormément de choses et qu'ils m'ont rappelés l'importance du cinéma par rapport à la mémoire et à l'histoire (dans ce cas là la Shoah).
Bref Jonathan a fait le taff.