Je suis sortie sonnée de la salle, avec impossibilité de savoir pourquoi j'aimais pourquoi j'aimais pas ce film que j'ai regardé jusqu'au bout, ce film captivant.
J'ai été happée par cette ambiance sonore d'emblée puis, tout le temps.
C'est la première fois que je vois la question de "la banalité du mal" traitée de cette manière, avec en toile de fond l'holocauste, la Shoah et c'est en cela que réside la spécificité, la curiosité, l'étrangeté de cet objet filmique qui s'avance dans l'espace cinématographique comme un vaisseau spatial.
Tout est suggéré, non pas hors cadre mais sur la limité du cadre. J. GLAZER nous place au bord du gouffre, nous fait sentir le vertige, nous sommes prêt à tomber dans le vide, dans l'horreur dans laquelle l'image ne nous entraine jamais, mais le son oui.
Le bruit et le silence c'est l'autre film du film. (J.BURN sound Maker, ou designer sonore)
L'ignoble s'infiltre par le bruit, par l'odeur, tandis que l'ignominie est à l'intérieur, l'impression est subtile, elle dérange.
C'est parce que tout est tellement "seulement" suggéré que je me demande comment ce film peut s'adresser aux personnes qui n'ont pas les références (historiques et filmiques) sur la Shoah, sur "la banalité du mal" selon A. ARENDT, le procès d'EICHMANN, le procès de NUREMBERG, le film " Shoah "de LANZMAN, " nuit et brouillard" d'a. RESNAIS, "le garçon au pyjama rayé" de M. HERMAN, "la liste de Schindler" de SPIELBERG, "le pianiste" de R.POLANSKI, "la vie est belle" de R. BENIGNI , "au revoir les enfants" L.MALLE, "le dictateur",C. CHAPLIN... aucun de ces films vu aimés ou pas aimés d'ailleurs comme la liste de Schindler ne m'a fait pensé à celui de Jonathan GLAZER qui adopte un point de vue qu'à ma connaissance personne n'avait adopté jusque là. C'est en ce sens que " La zone d'intérêt " s'avance dans l'espace cinématographique comme un vaisseau, ou comme un paquebot dans la nuit et le brouillard...