Après le visionnage d'un film, qui plus est d'un drame historique, se pose toujours cette question :
Était-il nécessaire de mettre en image ce récit ?
La Zone d'intérêt souffre certainement de son idée. À vouloir montrer la banalité du mal dans son aspect le plus bureaucratique, le plus quotidien, le film en perd sa saveur.
Il n'y a d'abord pas vraiment de récit. Le seul enjeu est de savoir si la famille Höss devra quitter cette maison qu'ils chérissent tant. Contexte historique étant, tous les personnages vous seront antipathiques. Vous ne leur souhaitez rien. Le spectateur ne cherche que les indices de l'enfer qui se trouvent au pas de la porte, de l'autre côté du mur.
Jonathan Glazer fait le choix de ne rien filmer. Le film suggère. Plus ou moins habilement. Les dents, les robes, les poupées, puis les cendres. Un travail remarquable du son doit être notifié.
Mais en somme, le film n'apporte rien à ce que l'on sait du génocide des Juifs. La banalité du mal a fait son chemin et son illustration ne surprend plus.
La scène finale a le mérite de changer la perspective. Si l'esprit de Rudolf Höss est encore excité à l'idée d'augmenter toujours plus le "rendement", son corps lui rappelle son inhumanité.
C'est un film à voir, mais qui ne bouleversera pas l'idée que vous vous faites de l'humain, ou de son contraire.