Nombreux films ont été réalisé sur la Seconde Guerre mondiale, La vie est belle de Roberto Benigni (1997) en passant par Requiem pour un massacre d'élémentaires Klimov (1987) ou bien même le fils de Saül de László Nemes (2015) plus récent, tous sont déroutants, perturbants, le ou les sujets sont souvent à la fois dans le camp mais aussi victimes de cette terreur. La où la zone d'intérêt est intéressant est qu'on change de perspective. Dans une maison idyllique vit une nombreuse famille, celle du l'officier Rudolph Höss, à première vue une famille aux bonnes ""moeurs"", tout semble parfait, les dialogues sont fluides et légers, attendrissants parfois, l'on sent de l'amour entre eux. La premier plan les film tranquillement en train de se baigner dans un lac. Jusque là rien de choquant. Et progressivement l'horreur s'immisce, par l'ouïe initialement. Sous fond d'une famille idéale, des cris de terreur et de peur s'installent dans ce décor utopique. L'on comprend progressivement toute l'irrationalité de la situation. Des vêtements sont donnés à Hedwig Höss, appelé alors "la reine d'Auwschitz", ses derniers proviennent du camp, des montagnes de fumées sortent de cheminées, en face de la chambre des filles le soir, le bruit lourd de ses gros blocs massifs en béton s'entendent quotidiennement, inlassablement, la mort est partout, mais on ferme les yeux, par cruauté, égoïsme, conformisme. De belles fleurs s'éveillent au printemps, l'on comprend très vite comment ses dernières fleurissent de manière remarquable. A travers les divers plans du film s'entremêlent des plans en négatifs d'une jeune fille qui cache des pommes dans les chantiers la nuit, ses plans sont accompagnés parfois d'une musique stridente, pour ne pas dire angoissante. Une femme, sans doute polonaise, le soir, vient fermé les fenêtres à cause de l'odeur, et encore en négatif nous l'observons ranger son linge dehors, les cendres sont perceptibles. Seule la mère d'Hedwig sans doute du fait de son viel âge, prend la décision de partir après avoir observé la nuit, ses flammes de l'enfer au loin.
J'ai alors pensé à Arendt et à la banalité du mal. Comme se questionnait les surréalistes, comment la rationalité de l'homme a amené à l'irrationalité de la guerre. Ce questionnement me revient sans cesse lorsque je m'intéresse à la Seconde Guerre mondiale. La zone d'intérêt est une nécessité pour observer de manière réaliste ce qu'il s'est passé objectivement. Pour combattre l'ignorance, le négationnisme, la cruauté et la bêtise. Brel disait que la bêtise était une graisse autour du cerveau, en effet cette dernière étouffe, fait mourrir notre conscience et notre humanité. La zone d'intérêt est une insurrection cinématographique contre tout ça.