Tout en appréciant, je n’ai pas été complètement séduite par ce remake indien de Forrest gump. Essentiellement parce que je n’ai pas trouvé Aamir Khan particulièrement convaincant dans ce rôle, bien qu’il fasse partie de mes acteurs indiens préférés et que je le trouve habituellement excellent. Ensuite, j’ai trouvé que ce remake manquait d’originalité. Et enfin, le héros est moins directement impliqué dans les événements historiques que dans son modèle, ce qui affaiblit un peu le propos. Laal Singh Chaddha n’est pourtant pas sans intérêt, ni déplaisant à regarder.
Dès le début du film, le film se présente comme un hommage à son modèle Forrest Gump dont il va suivre la trame et reprendre toutes les scènes emblématiques. Il s’ouvre ainsi sur la plume qui vole, symbolisant la vie simple de son héros, Laal Singh Chaddha un sikh, qui se laisse porter avec légèreté par les événements comme la plume par le vent, s’adaptant à ses mouvements et ses changements imprévisibles. Puis le film enchaîne avec la fameuse scène de la boîte de chocolat qui et remplacée ici par une réflexion sur le golgappa. Le film enchaînera ainsi avec la reprise des scènes les plus marquantes de Forrest gump. Ce qui différencie le film c’est son contexte indien. Ici, ce ne sont bien sûr plus les événements de l’Amérique qui défilent mais ceux de l’Inde depuis les années 70 jusqu’en 2010. Et l’accent est placé sur les tensions religieuses et ethniques qui déchirent ce pays dont l’unité est inexistante : émeutes anti-Sikhs de 1984 suite à l’assassinat d’Indira Gandhi ; le conflit au Cachemire de 1999 ; les attaques terroristes coordonnées de Bombay en 2008. Ce tableau accablant ne plaît d'ailleurs pas en Inde... Les hindous hauts placés appelant au boycott et critiquant le film. Signe que le film a fait mouche et qu'il n'est pas innocent et inoffensif, à l'image de son héros...
Je relève une séquence que j’ai beaucoup aimée, celle qui fait intervenir Sharukh Khan et qui est le pendant de la séquence avec Elvis Presley dans Forrest Gump. Sharukh Khan, c’est LA star du cinéma Bollywoodien et ici, Laal Singh Chaddha est désigné comme celui qui lui a appris l’un de ses mouvements chorégraphiques les plus typiques : bras grands ouverts et poitrine dégagée et mise en valeur. Parodie amicale et bienveillante de ce grand acteur qui se parodie d’ailleurs lui-même en faisant un caméo avant que s’enchaînent les différents extraits de ses films avec ce fameux mouvement de danse.
Au final, Laal Singh Chaddha est un film qu’on peut prendre plaisir à regarder si on aime Forrest gump, on retrouvera la même histoire mais « indianisée ». La réalisation est très belle et soignée avec des plans magnifiques ; humour, poésie et émotion apportent une touche appréciable à l’ensemble.
Et c’est avec une plume blanche s’envolant doucement sur une chanson bollywoodienne que le film nous quitte…