Lacombe Lucien raconte l'histoire d'un jeune homme, fermier de son état, qui passe de résistant à collaborateur, et travaille donc pour les nazis afin de traquer les opposants.
Il ne faut pas oublier que ce film a fait polémique à sa sortie, en partie à cause du caractère dit caché des collaborateurs et de la diffusion quelque temps plus tôt du documentaire Le chagrin et la pitié, qui revenait sur le passé peu glorieux de certaines personnes durant la guerre.
Le parti pris de Louis Malle a sans doute dû choquer aussi, car il ne juge clairement pas son personnage principal, qu'on voit comme embrigadé malgré lui dans un rouage qui le dépasse. En fait, on comprend qu'il devient collabo à la suite d'une déception, celle d'un instituteur qui lui refuse le droit d'être dans le maquis. C'est aussi dû au physique assez particulier, passe-partout, de ce Lucien, très bien joué par Pierre Blaise, jeune acteur au destin tragique (il se tuera en voiture quelque temps après la sortie du film), mais dont la diction récitée freine un peu. On sent que, parfois, il lit un texte...
Il y a également des scènes à la ferme, au début du film, qui sont parfois dures, notamment une chasse au lapin où on voit l'animal se faire abattre ou pire encore, une poule décapitée rien que par la force des bras de Lucien ! Cela dit, il y a quelque chose de saisissant dans cette histoire, avec quelque chose de moral sur le fait d'aimer ou non une personne de confession juive alors qu'on choisit de travailler pour l'ennemi ?
Je trouve que Louis Malle restitue très bien cette époque, ainsi que la vie rurale, et une interprétation étonnante de ce Pierre Blaise, qu'on voit peu à peu se transformer.