Présenté en soirée bis avec Woman Revengers à la Cinémathèque Française, Lady Avenger était beaucoup plus intéressant, principalement pour avoir été réalisé par l'une des rares femmes cinéastes du pays. Il y a un vrai discours social – voire politique – ouvertement féministe avec un critique virulente de la culture du viol, ce qui en fait une œuvre en avance sur son temps. Lady avenger traite de l'impunité des hommes, des victimes rendues coupables à cause de leur vêtement/comportement ou et plus largement d'un tabou qui impose le silence pour éviter les quand-dira-t-on et le déshonneur familial.
De plus, le film évite toute complaisance ou voyeurisme et la seconde séquence du viol, celui collectif, crée un profond sentiment de malaise dérangeant en étirant l'agression avec un décor oppressant (un immeuble en travaux) où l'échappatoire est impossible. La gestion de l'espace, l'utilisation de l'architecture vide qui évoque aussi le boom économique du pays laissent à penser qu'au travers des deux héroïnes, il y une métaphore de la population même du pays vivant sous le joug de la dictature en place. D'ailleurs là encore, l'histoire se délocalise à Hong-Kong pour éviter la censure.
La seconde moitié se mue en Rape & revenge plus conventionnelle, assez efficace mais plus mécanique avec les coupables qui expient leur faute à tour de rôle et de manière violente, même si les situations restent variés (un abattoir, un bâtiment en construction, salle de jeu, forêt transformée en terrain de chasse...). Par contre, il y a des coupes très brutales dans les passages les plus crues donc j'imagine qu'il y a eu de la censure. Vu l'état de la copie projetée, je ne suis pas sur qu'il existe d'autre source pour en reconstituer une version uncut.
En tout cas, un film souvent passionnant, qui privilégie le premier et qui n'a pas vraiment vieilli malgré plusieurs raccourcis. Et sa comédienne principale offre une jeu puissant d'une intensité impressionnante.