Lady Oscar est un très bon film franco-japonais réalisé par Jacques Demy, coécrit par Patricia Louisianna Knop d'après le manga de Riyoko Ikeda La Rose de Versailles créé en 1972... sur une très belle musique de Michel Legrand et de très beau décors réalisé par Bernard Evein (Les Parapluies de Cherbourg et Les Demoiselles de Rochefort) qui met en scéne les aventures (rocambolesques) de Mademoiselle Oscar François de Jarjayes (joué par une très lumineuse Catriona MacColl) la sixième et dernière fille du général de Jarjayes, qui désirait plus que tout au monde avoir un fils... avant les évènements de la Révolution française, ou elle deviendra la chevalier servante de la Reine Marie-Antoinette (joué par la très belle actrice Allemande Christine Böhm)... et tombera amoureuse du même homme (que cette derniere) un certain Axel de Fersen un comte suédois... Le film a comme trame de fond les dernières années du règne de Louis XVI, période au cours de laquelle la reine Marie-Antoinette, qu'Oscar protège sans jamais la juger, perd son trône. Des évènements historiques sont relatés, comme l'affaire du collier de la reine, d'autres sont plus romancés... Même si certains personnages ont existé, d'autres, comme Oscar et André (joué par Barry Stokes), sont fictifs. Des évènements sont réels, d'autres sont librement adaptés. Il faut plus voir une double quête de vérité du personnage d'Oscar, qui rompt peu à peu avec son éducation. Cette quête est d'ordre sexuel et sentimental d'un côté et social de l'autre.
Sur le plan sexuel, elle a, en raison de la volonté de son père d'en faire un homme, un problème d'identité. Sorte de chevalier d'Éon ou de Chevalier de Maupin, elle est vêtue en homme, passe pour tel auprès d'une partie de la cour et mène une carrière militaire. Une première fêlure apparaît lorsqu'elle ressent un émoi pour le comte de Fersen. Elle va progresser dans cette voie, jusqu'à porter une robe pour se rendre au bal de la cour et danser avec celui qu'elle aime en secret. Puis, au fil des évènements, elle va s'assumer complètement en tant que femme et tomber ouvertement amoureuse d'André, son ami de toujours.
Sur le plan social, les valeurs enseignées par son père sont peu à peu mises à mal, et elle hésite entre loyauté et rébellion. Cela commence lorsqu'elle découvre, à l'occasion d'un accident, la misère du peuple de Paris. Elle prend alors la défense des miséreux en se battant en duel contre un autre aristocrate proférant à leur encontre un discours de haine. Elle reste cependant loyale aux valeurs de l'aristocratie : juste après le duel, elle rencontre Robespierre dans une taverne et découvre avec surprise la radicalisation de sa position politique et son raidissement face au pouvoir royal. Elle se bat dans la foulée avec un homme qui critique le pouvoir et l'obéissance aveugle des militaires. Dans un même temps, elle tient d'une certaine manière tête à son père en mettant de la mauvaise grâce à épouser celui qu'il lui destine, le riche et ambigu comte de Girodet. Elle finit par se disqualifier de manière irréversible le jour où elle désobéit à un ordre, en refusant de faire feu sur le peuple lors d'une émeute. Reniée par son père, pour qui le nom des Jarjayes a été déshonoré, elle se rebelle en le giflant et se battant contre lui. Elle doit quitter pour toujours en larmes le château de son enfance, et finit par participer à la prise de la Bastille, assumant pleinement ses nouveaux idéaux de liberté et d'égalité. Le personnage de la bienveillante nourrice décrypte ces deux évolutions à travers ses commentaires. Le jour où Oscar essaie sa robe avant de se rendre au bal, elle dit à André qu'elle est en train de se trouver. Le jour où Oscar doit quitter à jamais le château, elle y voit un motif de se réjouir de l'arrivée d'une ère nouvelle.
Enfin bref, un bon film très méconnu de Jacques Demy , moins enchantés que ses autres films certes, mais une très belle curiosité a voir ou l'actrice (débutante) Catriona MacColl trouve son plus beau role... avant d’être l’égérie de l'italien Lucio Fulci (Frayeurs, L'Au-delà et La Maison près du cimetière), de retrouvé Jacques Demy le temps d'un autre film (Trois places pour le 26), sous la direction de James Ivory (La fille d'un soldat ne pleure jamais) et de Pascal Laugier (Saint Ange)... A noter que ce joli film est la premiere adaptation (en live) d'un manga au cinéma... qui a la particularité d’être l'œuvre d'une femme, Riyoko Ikeda... car ce domaine est traditionnellement réservé aux hommes.