Impossible de passer à côté du film qui n'a pas qu'un peu inspiré Quentin Tarantino pour l'élaboration des deux volumes de son excellent Kill Bill !


Toshiya Fujita ne fait effectivement pas dans la dentelle au cours d'une scène d'ouverture enneigée où la sublime et sauvage Yuki - que transcende l'actrice Meiko Kaji - fait jaillir le sang de la vengeance tel des geysers pigmentant le blanc virginal d'une neige de nuit. Pour ma part, cet aspect "effusion de sang" plutôt gore, s'il a un certain charme de par son originalité, n'est pas trop ma tasse de thé, y préférant le réalisme. L'alchimie visuelle du rouge carmin recouvrant le blanc absolu sera d'ailleurs le thème majeur de ce film d'auteur, que celui-ci se répande sur la neige, les habits, ou même l'écume de la Mer du Japon...


Mais Quentin Tarantino a repris bien d'autres choses : le découpage en chapitres, la présentation des personnages à supprimer façon clip, les incrustations très malines sous formes de mangas ou de gravures, une fabuleuse bande-son orientale s'occidentalisant au fur et à mesure que le film avance. C'est assez prodigieux pour un film de 1973. A noter également de très belles séquences de calligraphie.


L'histoire reste assez simple sur le fond : Yuki nait en prison d'une femme dont le mari et le fils furent tués - par erreur sur la personne du mari habillé de blanc comme celle recherchée -, et que les assassins violeront dans la foulée... La maman mourra au cours de l'accouchement - l'enfant sortant par le séant -, alors elle demandera comme dernière volonté aux autres prisonnières d'aider sa fille à devenir le fruit de sa vengeance après leur avoir conté le tragique épisode... La gamine sera plus tard entraînée par un maître d'armes sévère mais juste...


Pour connaître la suite il faudra voir le film, mais sachez qu'en dehors des nombreux défauts de cadrage et de la voix-off grandiloquente qui m'a un peu saoulé, celui-ci regorgera de rebondissements efficaces, d'une esthétique fascinante et d'une créativité étonnante, et que ses nombreux dénouements se termineront par une scène émouvante qui bouclera la boucle de la plus belle des manières...


Après, il y a pas mal de déchets aussi, c'est un film très inégal qui brille autant par le génie de son réalisateur qu'il frise parfois avec le ridicule, mais si vous avez aimé Kill Bill, vous n'avez juste pas le droit de passer à côté de Lady Snowblood !

RimbaudWarrior
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le 3 nov. 2015

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