On avait quitté Shurayuki Hime en sang, dans le neige, poussant un dernier râle à l'aube d'un jour (d'une vie ?) nouveau. Film viscéral et inventif Lady Snowblood nous montrait une jeune femme dont l'aspect virginal dissimulait une personnalité aussi sanguinaire que brisée. Un personnage fort et iconique que l'on retrouve donc ici en pleine fuite. Lasse des tueries elle se rend et accepte son inévitable condamnation à mort. C'est alors qu'elle est libérée par un mystérieux individu qui lui demande en échange de voler un document chez un militant anarchiste.
Le grand dilemme de cette suite est que l'implacable Shurayuki Hime avait pleinement assouvi sa vengeance dans le premier volet, il fallait donc trouver une nouvelle motivation. On place donc la femme-assassin dans une complot politique à grande échelle, pouvant renverser le destin de Japon. Le personnage devient donc une sorte de figure historique et c'est sans doute là la plus grande erreur de cette suite. Les motivations du personnage, toujours aussi froid au demeurant, apparaissent ainsi plus bancales et le scénario n'a clairement plus la charge émotionnelle d'antan. Lady Snowblood n'appelait pas à une suite et Lady Snowblood 2 en est l'illustration la plus évidente tant Shurayuki Hime ne semble jamais à sa place. Voir un personnage aussi obsessionnel et déterminé se faire retourner en un dialogue pour devenir un robin des bois en kimono au service des plus pauvres ne fonctionne pas du tout.
Privé du moteur fort de la vengeance le film peine à convaincre avec ses enjeux politiques, malgré quelques personnages secondaires plutôt réussis ou charismatiques. Piégé entre cette volonté historique trop mise en avant et l'aspect chanbara-bis (il y a même une scène gratuite de nichon) le film ne sait pas trop sur quel pied danser et patine donc pas mal. Du reste, la mise en scène se révèle assez efficace avec ses combats et ses impressionnantes gerbes de sang, mais on n'atteint jamais le niveau de stylisation et de réussite des séquences du premier opus.
Cette suite chaotique et un poil monocorde tient principalement debout grâce à l'incroyable charisme de la belle Meiko Kaji, toujours aussi magnétique (aaaaah, Sasori, une autre icone inoubliable !) dans ce rôle décidément taillé pour elle. Lady Snowblood 2 est une petite friandise destinée essentiellement aux fans de Meiko Kaji qui seront aux anges de retrouver cette étrange intensité sous ce visage de porcelaine. Pour tout le reste on ne peut que regretter un recyclage un peu paresseux et bancal. Sympathique mais très loin de l'indéboulonnable premier volet.