Lady Vengeance est un exercice d'équilibriste, et ce en permanence, entre la violence d'une vengeance (ou de plusieurs vengeances plutôt) et la crainte de l'impossibilité de toute rémission. On le comprend à travers la prestation de l'actrice incarnant Lee Gum-ja, notamment lorsqu'elle répète à l'envie le mot "expiation" ; lorsque la petite fille décompte le nombre de "je suis désolé" de sa mère, en exigeant trois pour satisfaire sa soif de regrets ; lorsque la crainte des familles des enfants se matérialise en une peur de devenir comme le kidnappeur.
La vengeance n'est pas un banal choix sans compromis pour lequel on opte afin de soulager sa rancune, de se décharger de sa bile et de pouvoir terminer son deuil ; non la vengeance est un compromis, car cette expurgation de colère se fait contre le port d'un fardeau que l'on nomme remords, perte de l'âme dans d'autres cas ; on sous pèse le pour et le contre, les avantages et les inconvénients d'un tel acte, les conséquences sur notre être... et l'on décide... et l'on agit... ou non.
Pour Lee Gum-ja, se venger c'est se priver de sa fille, y renoncer. Mais n'est-il pas trop tard ? La jeune fille a grandi autre part, elle nourrit une rancune qui quoiqu'elle en dise restera présente envers une mère qu'elle a jugé mauvaise car l'abandonnant. "Une mère n'a pas le droit d'abandonner son enfant" proclame-t-elle et l'on comprend que toutes les explications, toutes les justifications ne sauraient effacer toutes ces années de vengeance ruminée à longueur de temps. Quand la vengeance se transmet comme un caractère héréditaire...

Bercé par la musique divine enveloppant le film d'une douceur féminine, le spectateur assiste au cheminement intérieur mais pourtant flagrant et expansif des protagonistes, leur lutte contre le dégoût et les remords de la vengeance, du sang, de la violence. La narration brisée par les récits des prisonnières, les plans audacieux, les silences légers et pourtant si longs, viennent parachever techniquement une œuvre forte, qui porte en nous le poids de la conscience humaine.

De quoi éprouver de la sympathie pour Lady Vengeance...
ngc111
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le 6 juil. 2012

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