In the mood for gore
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... Quand Lee Geum-Ja s'est retrouvée emprisonnée. Treize ans plus tard, elle est au recyclage vestimentaire. Geum-Ja opte pour un look à la Femme Scorpion, tout de noir vêtue et avec des bottes vertigineusement hautes et brillantes.
Pendant ces treize années, elle a eu le temps, derrière son visage d'ange qui fait tourner les têtes, de préparer un plan pour se venger de celui pour qui elle a plongé, malgré elle, et qui l'a obligée à abandonner sa fille. Ses co-détenues, au fur et à mesure des sorties, se chargeront des préparatifs et de se rapprocher de sa victime. Le piège se referme. Lentement. Mais Lee Geum-Ja a le temps de penser à chaque détail. Encore quelques années, à vrai dire.
Avec ce film, Park Chan-Wook nous invite à entamer une drôle de valse. Pas désagréable, d'ailleurs. Car on ne sait jamais sur quel pied danser, entre quasi burlesque, éclats de violence aussi brefs que fulgurants, portrait des détenues drôlatiques, séquences surréalistes et non sensiques, où le spectateur ne sait pas s'il doit rire ou prendre peur. A vrai dire, l'oeuvre reflète la psyché de sa charmante héroïne en quête de rédemption. L'ange qui se trouve en prison, toujours le sourire aux lèvres et la douceur dans le coeur, n'hésite pourtant pas à se débarrasser d'une co-détenue tyrannique. Dans le même mouvement, elle vantera l'aide et le soutien de la religion et s'investira dans les ateliers pâtisserie pour faire la preuve de sa volonté de réinsertion.
A peine sortie de prison, c'est tout juste si elle n'envoie pas ses soutiens aller se faire voir, abandonnant le masque angélique pour adopter un maquillage rougi afin de signifier aux autres qu'elle "ne veut plus être gentille". Le trait durci, l'oeil parfois vide, souvent inquiétant, elle se dédie toute entière à son plan mais, avant de la mettre à exécution, cherche à renouer contact avec sa fille, maintenant adoptée.
Le long métrage joue encore un peu plus avec son public lors des retrouvailles et des séquences avec les parents adoptifs australiens, jouant la carte de la presque hystérie. Mais cela ne gêne pas, car Park Chan-Wook, aidé par une musique au diapason, ne fait, une fois encore, que jouer sur les sentiments contraires de son héroïne, entre joie intense, tristesse, vide et rancoeur nourrie des moments maternels dont son bourreau l'a privée.
Dommage que le réalisateur perde le film dans son dernier tiers après avoir été aussi maîtrisé et pluriel dans la caractérisation de son héroïne. Pile au moment où les pulsions vengeresses sont sur le point d'être libérées. Car en faisant participer les parents des petites victimes à sa machination, avec tout ce que cela entraîne comme questionnements inutiles sur la justice, Lee Geum-Ja, dans la tête du spectateur (enfin, dans la mienne, plus précisément) perd une partie de ce qui faisait tout son charme et sa complexité : son abnégation, son jusqu'au boutisme de femme brisée, sa colère tout aussi étouffée que sans limites.
Et alors que la neige, d'un blanc pur, tombe doucement, recouvrant le gris de la ville, on peut se demander si Lee Geum-Ja a vraiment trouvé ce qu'elle recherchait. Car si la famille est enfin réunie, ses traits sont par instants toujours aussi durs, ses yeux toujours aussi secs, le sourire absent.
Behind_the_Mask, qui reprendrait bien une part de gâteau... Découpé à la hache.
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Créée
le 30 août 2015
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