Je me souviens du jour où j'ai découvert "Amer" comme si c'était hier, et cette réflexion qui m'était immédiatement venue : "On s'en fout du fond, ces deux-là sont tellement doués qu'un jour ils feront LE film de genre ultime". Et pendant des mois, j'ai cru que ce serait ce "Laissez bronzer les cadavres".
Mais malheureusement je suis tombé de haut : la forme est de plus en plus là, jusqu'au moindre détail :
- Titre : du Manchette, c'est toujours de la poésie mêlée à de la nitroglycérine
- Affiche : à faire baver les collectionneurs
- Références ou hommages (après le giallo) à tout ce qui a fait rêver les cinéphiles dans les années 70, en particulier le western spaghetti et le polar crasseux. On croise donc Sergio Leone et Ennio Morricone, Alejandro Jodorowsky, Narciso Ibanez Serrador, Sergio Corbucci, James William Guercio, Vicente Aranda et tant d'autres.
- Moindre image, moindre son = bijou (TROP) poli
Mais les GRANDES qualités du film sont aussi ses limites, tant l'obsession de la perfection esthétique de Cattet et Forzani semblent annihiler chez eux tout intérêt pour le récit. J'avoue avoir un goût prononcé pour le foutraque, le truc qui te perd, te donne le tournis, mais là, on touche aux limites de l'exercice, tant le film devient dans sa deuxième partie totalement illisible, dans tous les sens du terme.
Un détail les petits surdoués : vos plans sont des tueries, alors n'hésitez pas à les faire durer plus de 2 secondes...