Allez, aujourd’hui, je prends un film au pif dans ma liste de courts à voir : dans la huitième page, ce sera le sixième en partant d’en bas. Laissez-les grandir ici, trois minutes, deux notes seulement sur SC, très basses, pour un film militant, probablement. Allons voir.
C’est en effet un film réalisé pour le Réseau Education Sans Frontière, en 2007, avant les présidentielles, alors que Nicolas Sarkozy est encore ministre de l’Intérieur. Quelques phrases clef :
« tous les jours on a peur » ; « est-ce que c’est normal d’avoir peur quand on va à l’école ? » ; « nous voulons que la France nous adopte » ; « laissez-nous grandir ici ». Le message est limpide, le spectateur voit devant lui seize enfants menacés, seize enfants vivant dans la crainte, seize enfants demandant seulement de pouvoir grandir dans la liberté, dans cette France que l’on imaginerait plus accueillante.
Le film n’a rien d’extraordinaire, mais il est toujours bon d’entendre ce message, de le réaffirmer davantage encore, car en ce domaine, la politique de la gauche est peu différente de celle de la droite : oui, un enfant vivant en France ne doit pas craindre que lui et sa famille soient expulsés. Les parents doivent être régularisés. Les expulsions sont une honte pour notre pays.
Pour ma part, j’ai participé à un mouvement de défense d’une famille qui refusait de quitter le territoire français, malgré l’injonction préfectorale. Le petit avait sept ans, il était né en France, et il risquait de devoir aller en Tunisie, un pays qu’il ne connaissait pas et dont il ne parlait pas la langue. La lutte a été très difficile, mais grâce à la mobilisation du quartier, elle fut victorieuse. Mais pour une famille sauvée, combien d’expulsées ? Et pour quel bénéfice ? Non, assurément, laissons-les grandir ici.