Claudine, couturière à domicile, élève seule son enfant handicapé et s'offre chaque mardi une parenthèse dans sa vie de femme isolée, en s'octroyant des escapades dans un hôtel d'altitude où elle s'abandonne dans les bras d'inconnus abordés au hasard. Jusqu'à ce qu'elle tombe sous le charme de l'un d'entre eux...
Ce premier film frappe par son élégance : la beauté avec laquelle les lieux sont filmés (magnifiques plans sur ces montagnes suisses, ce barrage vertigineux), le soin apporté aux cadres, la partition au piano qui accompagne de manière discrète et subtile le récit, mais aussi la délicatesse avec laquelle est écrite cette relation, dans laquelle on se fait la cour, on se vouvoie, on se caresse après l'amour...
En plaçant le récit dans ces paysages dépeuplés et en été 97, dans un passé encore vierge du tout numérique, le film crée une sorte de bulle intemporelle, lui conférant une dimension proche de la fable.
Le timbre de voix et la diction si particuliers de Jeanne Balibar apportent une profondeur et un charme fou à l'ensemble. Elle livre une partition toute en finesse et en intériorité. Le film ne fonctionnerait pas de la même façon sans son aura et le mystère qu'elle dégage.
Tantôt femme libre et libérée, centrée sur son plaisir, tantôt mère dévouée, pleine d'attentions et de douceur pour son enfant, elle incarne brillamment le trouble ressenti face à ce dilemme déchirant entre la passion amoureuse et l'abnégation d'une mère.
L'on ne peut d'ailleurs pas s'empêcher de penser aux paroles de la chanson de Dalida dont le titre commence comme celui du film...
La caméra de Maxime Rappaz ne porte jamais aucun jugement dans ce premier long métrage singulier, et début d'une oeuvre dont on a hâte de suivre l'évolution.
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