Lake Mungo est un vrai faux documentaire qui traite de phénomènes paranormaux frappant une famille après la mort tragique de leur fille morte noyée. Fatalement le concept fait immédiatement penser à d'autres films type found footage qui jouent sur la frontière entre le vrai et le faux avec des films comme Le Projet Blair Witch et la coquille vide Paranormal Activity. Mais Lake Mungo se démarque assez vite des films précités car il n'adopte aucunement un point de vu strictement subjectif des choses, Le réalisateur Joel Anderson joue même avec différents supports et de nombreuses sources allant de l'image d'actualité en passant par le film documentaire classique avec de nombreux entretiens et des points de vues plus subjectifs de caméra de surveillance, des photos ou encore des petits films captés à l'aide d'un téléphone portable. Dans sa mécanique Joel Anderson singe les documentaires qui traitent d'affaires criminelles et d'enquête qu'elles soient paranormales ou pas.
Le réalisateur réussit parfaitement à combiner les différents éléments de son intrigue pour livrer un récit sous forme d'investigation dont le premier mérite est de rester captivant durant tout le temps du film. Les acteurs sont globalement crédibles dans le registre pourtant délicat du cinéma vérité et Joel Anderson (également scénariste) maintient une attention constante sur son enquête en orchestrant à l'intérieur même de son récit de nombreux et parfois assez surprenant coup de théâtre. On ne va pas se mentir la supercherie n'est pas assez finement ciselé et authentique pour sembler totalement crédible en tant que documentaire mais Lake Mungo reste un film captivant et étonnant qui distille à mesure qu'il avance un véritable sentiment d'angoisse et de tension. Pourtant le film de Joel Anderson ne joue aucunement sur le registre d'un fantôme agressif et encore moins sur des jump scares totalement bidons, au contraire Lake Mungo joue d'une angoisse diffuse, discrète, mélancolique mais profonde. Il suffit souvent d'une simple présence inhabituelle dans un cadre extrêmement réaliste et quotidien pour que le film fonctionne et inquiète, même si il use et abuse un peu trop de ce procédé.
Bien maîtrisé dans son déroulement comme dans sa technique Lake Mungo est une sorte de machine perfectible mais implacable à angoisse dont l'intérêt se poursuit jusque dans son générique de fin. En plus Joel Anderson ne se contente pas de filmer une histoire d'esprit mais donne à son récit différents niveaux de lectures afin que le film parle aussi du deuil et de la mémoire, des supercheries de l'imagerie paranormal et d'une famille dont la fragile solidité peut s'effondrer sous le poids d'un drame. Le film prend même parfois des petites allures de Twin Peaks lorsque la famille découvre la face cachée de la vie bien trop sage de leur fille décédée, ce n'est sans doute pas un hasard d'ailleurs si cette jeune fille se nomme Alice Palmer. En tout cas le film comporte des moments forts comme lorsque la mère d'Alice lit son journal intime des sanglots dans la voix.
Lake Mungo sans être révolutionnaire reste un film intelligent et efficace qui joue sur une ambiance suffisamment angoissante pour être soulignée, la fameuse scène au lake Mungo filmée avec un simple téléphone portable est à ce titre franchement efficace. Pourtant dix mille coudée au dessus d'un Paranormal Activity et de tonnes de found footage et documenteurs moisis sortis en France, adoubé par Jordan Peele qui le classe comme l'un des films les plus effrayant qu'il ai vu, rien n-y fera et ce touchant et joli Lake Mungo du jeune réalisateur australien Joel Anderson n'est toujours pas sur le moindre planning d'éditeurs de DVD et encore moins à l'ordre du jour d'une sortie en salle, Et même si après avoir revu le film mon enthousiasme est franchement retombé d'un cran, ça reste fort dommage.