Le récit se limite à une journée dans une petite ville, le film dure quatre-vingts minutes, il y a deux plans qui ne sont pas fixes, et sept personnages à tout casser, et pas de musique avant le générique de fin ; autrement dit, le parti pris dans "Lake Tahoe" est celui du minimalisme. C’est relativement efficace : sans réelle erreur, avec des acteurs crédibles à défaut de casser trois pattes à un canard, et une forme d’humour qui fait parfois mouche.
Bien sûr, avec des procédés semblables, un Michael Haneke parvient parfois à instaurer une tension à couper au couteau. Mais n’est pas Haneke qui veut. On pense plutôt, dans cette évocation d’une humanité ordinaire et quotidienne, à certains films belges récents, ou aux nouvelles de Raymond Carver. L’important, ce que le lecteur reconstruit petit à petit, se passe hors champ, mais alors l’important n’est plus le cinéma.