L'un nourrit, depuis les attentats du 11 septembre, une haine paranoïaque envers les différents, suspects et potentiels dangers pour sa chère patrie. L'autre, trempée dans la naïveté de sa jeunesse, débarque à L.A persuadée que sa ville natale recèle de réponses.
Wim Wenders, sur fond de portrait de son Amérique, ficèle une intrigue mettant aux prises des personnages torturés et abîmés. C'est le regard lucide d'un cinéaste sur son pays et sur son époque. On y redécouvre l'Amérique post-attentats, balafrée bien entendu, mais encore vigoureuse notamment grâce à sa formidable diversité culturelle: c'est le message que veut faire entendre Wenders, aux antipodes justement des craintes et des convictions de son personnage. Confronté à sa nièce éprise d'humanisme, celui-ci est le centre névralgique de son propos et son évolution sera passionnante à suivre. La caméra de Wenders, qui oscille entre l'effacement du documentaire et la nervosité du thriller, parvient à maintenir l'attention et surtout, à ce que le spectateur suive son propos de bout en bout. Mise à part une fin quelque peu décevante car trop conventionnelle, Land of Plenty est un film extrêmement efficace et suffisamment sensible pour que l'on s'y attache beaucoup.