Winch. Largo Winch

Largo Winch ! Alors pas où commencer. Déjà, je ne suis pas très fan de la bande -dessinée de Van Hamme. Il faut reconnaître que je suis beaucoup plus Thorgal et XIII que Largo Winch pour les anciens Van Hamme. Et puis les bandes dessinées traitant de la finance, j'avais déjà Iron Man en tête (ce qui est surprenant car le film Largo Winch est sorti la même année que Iron Man). Concernant le film en lui-même, je l'avais trouvé un bon divertissement de films d'action. Ce qui était plutôt rare à l'époque dans le cinéma français (sauf si vous êtes pour Mesrine). Du coup, j'ai décidé de regarder à nouveau ce film et je vois pas mal d'imperfections.

Une réalisation ambitieuse

Déjà, la réalisation est travaillée. Comme c'est le cas avec Jérôme Salle. Il y a une ambiance vraiment digne d'un film d'espionnage. On sent une volonté de se rapprocher des blockbusters américains. Chose que bizarrement ça été reproché. Eux, dites. Ce n'est pas avec ce genre de critique qu'on verra autre chose que du Bienvenu chez les Ch'ti like ou des drames sans âmes au cinéma français. Cela dit malgré une mise en scène on échappe à certains fondamentaux (genre un cri de Wihlem par ci, un champ/contre-champ foireux par là). Du coup on a un film qui essaye d'être original dans la mise en scène par moment et qui est efficace

mais qui fait quand même des erreurs assez surprenants et impose un rythme volontairement accéléré. Même les scènes d'actions sont parfois peu crédibles, parfois efficaces. En revanche, les plans d'ensembles sont nickels et approche une volonté de donner à l'adaptation l'envergure d'un Astérix. Et la musique d'Alexandre Desplat est toujours aussi bien, donnant une bonne identité au film, à mis chemin entre un James Bond et un Mission Impossible. Quant aux personnages...ouch.

Des acteurs investis, mais jusqu'à quel point ?

Déjà Tomer Sisley en Largo Winch. Un choix qui peut surprendre dans la mesure où il était un habitué des comédies et de la scène à l'époque. Et là, je suis perplexe. Il possède un jeu très inégal, dès fois il semble atone et d'autres fois il a un jeu qui est en accord avec le personnage. Il campe un jeune rebelle très en froid avec son père et qui veut savoir qui l'a tué. Il y a juste un problème. sa progression. Il est fait plus subir le scénario que d'agir sur lui. Il est plus dans la réaction que dans l'action. Et pour ceux qui vont me lancer sur la deuxième partie...on y vient.

Ann Ferguson (Kristin Scott Thomas) campe la seconde de Nerio aussi atone que possible. Et la je vais spoiler, c'est elle la méchante. Elle possède la motivation classique du bras droit qui veut prendre la tête du groupe W et c'est tout. Elle a plus l'air d'être en mode automatique.

Nerio Winch (Miki Manojlovic) est aussi inexpressif que Ann Ferguson, mais cela va mieux avec le personnage. Il est développé en annexe et en parallèle à la sortie. Cela m'a fait penser à Watchmen avec la mort le personnage du comédien son développement. Ce qui est pas mal. C'est vraiment la figure du self made man intransigeant et marqué par son passé d'enfant battu. Bref, il est la figure du passé avec lequel Largo veut s'émanciper et on va y revenir sur ce point.

Léa / Naomi (Mélanie Thierry) est une intrigante qui court après l'argent. Elle n'est vraiment attachée à rien ni à personne sauf au porte monnaie et c'est elle qui déclenche tout l'intrigue. Son évolution est cool mais...ne sert à rien. Elle est tellement secondaire que son évolution ne sert à rien du tout au final.

Freddy (Gilbert Melkhi) est classe. C'est l'ancien bras droit de Largo et il a un coté protecteur assez cool. Il est celui qui retrouvera Largo et piégera Fergusson. Il forme un tandem pas vraiment exploité mais bon.

Mikhail Korsky (Karel Roden) est "le méchant de l'histoire". Son but est le pouvoir et il veut s'emparer du groupe W. Il est l'archétype même du jeune businessman corrompu et opportuniste avec son homme de main Hicham et attaché à Naomie. Il deviendra ainsi un allier de Largo.

Les autres plus ou moins important. Les plus marquants sont les parents adoptifs de Largo comme Hannah (Anne Consigny), Goran (le frère de Largo), le bras droit de Fergusson Marcus (Steven Waddington), William Kwan (Benedict Wong) avec son tempérament de membre influent et sceptique. D'ailleurs, je trouve que ce personnage est vraiment mis en avant et exploité, à la même auteur que Ann Fergusson ce qui est pas mal. C'est même le seul où on a une bonne caractérisation.

Les moins marquants sont Miss Penniwinkle (Elizabeth Bennet) qui n'est là pour une 2 scènes maximums, les autres membres du conseil d'administration, Meyer(David Gasman)qui meurt, Gauthier qui est le personnage de maître d'hôtel typique et Mélina (Bojana Panić) qui apparaît à la toute fin

Quid de l'adaptation ?

Le film se veut l'adaptation des 2 premiers tomes de la saga de bande dessinée et beaucoup ont critiqué ce point, allant dire que la bande dessinée était meilleur. J'ai lu les 2 premiers tomes et croyez moi, le film est meilleur. Je n'ai rien contre Jean Van Hamme mais les 2 premiers tomes ne sont pas prenant et très lents à démarrer. Il met tout le tome pour bien présenter les enjeux de la saga. Ce qui est normal car dans ce format, surtout dans le format franco-belge, on est plus axé sur l'ambiance et l'interaction des personnages. Et c'est ça l'une des caractéristiques de Van Hamme : Permettre qu'on s’intéresse plus aux personnages qu'au contexte. Mais cela a comme effet indésirable de voir que les scènes d'actions sont lentes.Van Hamme est un habitué d'histoire avec de grands arcs narratifs qui s’étalent sur plusieurs tomes, même si chacun sont autosuffisants (c'est le cas de Thorgal et XIII notamment. Seulement Largo Winch en bande dessinée s'articule plus en saga en 2 parties qu'en histoire auto-contenue par tome. Du coup, il n'y avait pas assez de matière dans le premier et le rythme est lent (en plus d'avoir des parties inutiles). Le film prend la liberté de prendre les 2 premiers tomes et de resituer l'action ailleurs afin d'avoir du contenu en 1, tout en faisant dans l'inédit (par exemple la scène de l'emprisonnement est réduit à 2 scènes au lieu d'une moitié de tome (il me semble). Bref, Jérôme Salle fait son propre film. Surtout, il fait un effort cinématographique pas commun en faisant que certaines scènes soient compréhensibles visuellement, là où dans la bd de Van Hamme tout se fait par le dialogue. Mais es-ce que c'est parfait pour autant ? Déjà non. Comme je l'ai souligné le héro subit plus l'histoire qu'il n'est acteur alors que techniquement, Largo ne veut pas de l'héritage de Nério. Seulement comprendre qui l'a tué et pourquoi. Il fait ce qui lui semble juste mais c'est tout. Et c'est le leitmotiv de la première partie. Dans la seconde, on sent qu'il est cette fois acteur, essayant de piéger Fergusson à son propre jeu. Seulement voilà, pourquoi veut-il de son héritage. Le thème du film étant le destin, c'est assez curieux que le personnage décide d'embrasser son destin alors qu'il pouvait renoncer. Mais bon comme c'est l'adaptation d'une bande dessinée qui a plus de 20 tomes, c'était logique que ça se finit comme ça. Mais c'est un peu l'opposée de l'esprit de la première partie. Et la fin est plutôt décevante en terme de dénouement. Cela va avec l'esprit plus posé mais bon je m'attendais à plus de vie.

Bonne adaptation

Ce film, malgré les imperfections et un sens de lecture qui se contredit est une bonne adaptation de la bd Largo Winch (voir meilleur que l'autre adaptation de BD de cette année, coucou Astérix) et est vraiment un film digne d'un James Bond ou d'un Mission Impossible. Pour la mauvaise adaptation se trouve dans la série télé qui est une série d'action générique comme on en voit souvent. Par contre je n'ai pas compris pourquoi ils ont mis un flingue à Largo sur la jaquette de vidéo alors qu'il n'en utilise jamais dans le film ? Bizarre. Je n'ai pas vu la suite qui m'a semblé être une répétition de ce film avec Sharon Stone en lieu et place de Kristin Scott Thomas en revanche. Quant à Tomer Sisley, c'est dommage qu'après ce film il a du mal à percer.