Il y en pas beaucoup de film qui traite de la drogue sans porter de jugement moral, sans en faire obligatoirement une lente agonie. Las Vegas parano est de ceux-là. C'est un long trip qui abolit la distance entre le spectateur et le spectacle, surtout grâce à des acteurs qui se donnent complètement au film avec des rôles bien perchés (Benicio del Toro est méconnaissable et unique dans sa performance d'avocat dépravé, Johnny Depp, ami personnel de l'écrivain Hunther S. Thompson, duquel est adapté le film, est sans doute dans le meilleur rôle de sa carrière et Cristina Ricci est douée pour jouer la paumée au ralenti). Ce qu'il y a d'innovant et d'inégalé dans Las Vegas parano aussi, c'est la faculté du film de créer une distance avec l'histoire, qui devient secondaire tout comme elle devient secondaire aux protagonistes, à travers la prise de drogues. Le film a d'ailleurs des rythmes différents suivant ce que prennent les personnages. Mais pourtant, on est loin du film expérimental et ennuyeux comme, au hasard, « Soudain le vide » de Gaspard Noé, mais dans une éclate des deux côtés de la caméra. Des répliques cultes, des scènes d'anthologie, un film... stupéfiant (ok je sors ;-)