Late Night with the Devil s’inscrit dans cette niche d’un genre bâtard entre le found-footage et le mockumentaire pour nous plonger dans l’univers propice à tous les fantasmes des late shows des années 70. Un monde en direct, où les noctambules de tous types peuvent trouver comédiens de seconde zone, animateurs rejetés du prime time, et autres intervenants à laisser loin des yeux des plus jeunes. De quoi fournir un terrain de jeu parfait pour ce qui s’intégrerait à merveille dans une saison de The Twilight Zone ou The X-Files.
D’autant plus que cette immersion et cette ambiance sont ici réussies, grâce à un travail remarquable sur l’image, les décors, les costumes, et les débats qui animaient la société de l’actuel. Ici, ce sont les enquêtes paranormales qui s’agitent sous les projecteurs, alors que de prétendus médiums tels que les Warren (ceux sur lesquels est bâti l’univers Conjuring) s’attiraient le feu des médias, et que David Copperfield et consorts commençaient à prendre leur essor. Un business si juteux qu’il a vu naître sa nemesis (à l’écran, car complémentaire en terme de d’exposition et de revenus) via des personnages tels que James Randi (inspiration directe du personnage Carmichael dans le film) en croisade pour démontrer les supercheries du paranormal. De quoi brouiller les cartes entre le toc et le fantastique aux yeux d’un public crédule, et aborder pour les cinéastes le sujet de la cupidité au détriment du bon sens, du coût de l’ambition.
On est dans le carcan typique du film à concept de la plateforme Shudder, qui parvient à livrer une œuvre qui se tient malgré un budget restreint. Du moins partiellement. Car si le travail d’immersion, et la présence d’un David Dastmalchian au premier plan appréciable (au vu de son sous-emploi tout au long de sa filmographie et de la trogne marquante qu’il a), ainsi que le format même du métrage, tiennent leurs promesses un temps, tout s’écroule dans ce final grand guignol où effets cheapos et écriture bancale finissent de se prendre les pieds dans le tapis.
Late Night with the Devil n’est pas un échec, notamment grâce à sa durée qui respecte le spectateur, mais il peine à trouver conclusion satisfaisante à sa montée en puissance, faisant ainsi retomber le soufflé. D’autant plus que celui-ci n’était pas non plus parfait, car composé d’autant d’ingrédients originaux que prévisibles.
Pas mauvais donc, mais pas mémorable non plus.