Late Night with the Devil a l’intelligence d’investir le sous-genre du film de possession comme d’un biais horrifique par lequel représenter l’hypnose exercée sur les spectateurs par le téléviseur et les programmes qu’il diffuse. La mise en abyme du divertissement qui se donne à voir en tant que tel et par l’intermédiaire des coulisses – puisque nous n’avons jamais accès aux pages de publicité à proprement parler mais au hors-plateau – permet une réflexion sur la capacité d’une vérité à advenir au sein d’un microcosme trafiqué, défini par les artifices de la répétition, de la scénarisation et du montage. Le présentateur constitue un protagoniste pertinent dans la mesure où il se révèle progressivement écartelé entre le show et son envers, confronté aux paradoxes qui gouvernent son être-à-l’image, actualisation du concept théorisé par Heidegger : le « diable » évoqué par le titre n’est autre qu’une métaphore de sa propre personne, capable d’exploiter le cancer de son épouse à des fins d’audimat. Dès lors, la possession renvoie moins aux différentes productions ayant fait son heure de gloire, quoique quelques-unes soient citées (The Exorcist, sorti en 1973, ou The Amityville Horror, sorti en 1979), qu’à la conversion à l’occultisme et plus généralement aux sectes qui règne dans le show business américain – en témoigne, entre autres, l’ouvrage Memoirs and Misinformation de Jim Carrey et Dana Vachon, publié en 2020. Une belle petite réussite, malgré longueurs et redondances.