Superstar de l'épouvante espagnole au cours des années 1970, Jacinto Molina (alias Paul Naschy), connaît un tournant difficile au début de la décennie suivante. En 1980, il tourne dans EL RETORNO DEL HOMBRE LOBO, nouvelle aventure de Waldemar Daninsky, son personnage fétiche, qu'il réalise lui-même. Mais ces nouvelles péripéties lycanthropesques connaissent un bide. Le public espagnol se désintéresse du cinéma d'épouvante national, et le bis européen, sous les coups de butoir des grosses productions hollywoodiennes et du marché de la vidéo, s'effondre progressivement... Molina doit chercher des capitaux au Japon pour produire sa réalisation suivante, EL CARNAVAL DE LAS BESTIAS. A la même époque, on le croise dans le film d'aventures vernien LE MYSTERE DE L'ILE AUX MONSTRES réalisé par Juan Piquer Simon. Puis, par dépit et pour l'argent, il accepte de faire le loup-garou dans une comédie musicale pour enfants : BUENAS NOCHES, SENOR MONSTRUO.

Pourtant, ce passionné d'épouvante s'accroche et, avec l'aide de partenaires japonais, parvient à réunir suffisamment d'argent pour réaliser un nouveau film de terreur : LATIDOS DE PANICO. Pour l'occasion, il s'entoure de plusieurs comédiens ayant déjà eu maille à partir avec la terreur d'outre-Pyrénées. Geneviève est incarnée par Julia Saly, laquelle a été dirigée par Amando de Ossorio (EL ENDEMONIADA, LA CHEVAUCHEE DES MORTS-VIVANTS...), Leon Klimowski (ULTIMO DESEO...) ou Jacinto Molina (INQUISICION, EL RETORNO DEL HOMBRE LOBO...). Quant à Lola Gaos, qui incarne Mabille la domestique, elle joua dans certains Bunuel (VIRIDIANA...) et dans des films d'épouvante (CEREMONIA SANGRIENTA de Jorge Grau...).

Paul de Marnac et sa femme Geneviève, deux bourgeois parisiens, décident de se retirer quelques temps à la campagne pour prendre du repos. Ils se rendent à la demeure familiale des Marnac, lignée à laquelle appartient le sinistre Alaric de Marnac, un chevalier dément qui tua les membres de sa propre famille au XVIème siècle. Geneviève, déjà fragilisée par des problèmes cardiaques, se croit hantée par ce personnage revenu d'entre les morts...

Pour Jacinto Molina, Alaric de Marnac est une vieille connaissance. Ce personnage, inspiré par le tristement célèbre Gilles de Raie, il l'avait inventé sur le papier et créé à l'écran dans EL ESPANTO SURGE DE LA TUMBA de Carlos Aured, dix années auparavant. Déjà, ce sinistre individu revenait d'entre les morts pour tourmenter les vivants du XXème siècle...

Toutefois, LATIDOS DE PANICO aborde cette histoire de fantômes de manière différente, en la traitant à la manière d'un thriller gothique typique des années 1940. REBECCA de Hitchcock et HANTISE de Cukor sont alors deux références que Molina revendique expressément. Comme dans ces deux titres, une femme fragile s'installe dans la luxueuse demeure de son mari et s'y retrouve persécutée dans une ambiance d'épais mystère. Ce sujet, Molina le rehausse d'une ambiance gothique en plongeant les alentours de la demeure Marnac dans une épaisse brume bleutée et en la décorant de portraits inquiétants ou de vieilles armures médiévales. On peut aussi visiter la chapelle de la maison, ou encore explorer l'inquiétant cimetière dont les pierres tombales, usées par le passage des siècles, sont couvertes d'une épaisse mousse verte.

Malheureusement, en cherchant à établir un suspens psychologique, Molina ne parvient qu'à composer une histoire trop prévisible, car trop souvent vue et narrée, et sans réelle subtilité. Peu palpitant, LATIDOS DE PANICO provoque un certain ennui. Qui plus est, les vraisemblables limites budgétaires dont il a été victime se ressentent dans une mise en scène assez plate et des décors intérieurs franchement laids (attention : papiers peints méchants !), bref une facture d'ensemble assez "cheap".

Heureusement, le métrage se rattrape avec son final, lequel s'abandonne à des séquences violentes et purement fantastiques mettant en scène la vengeance d'Almaric de Marnac. Distribuant généreusement les coups de masse d'arme, les manifestations de ce revenant s'accompagnent d'évènements surnaturels, telles les apparitions mystérieuses de serpents terrifiants ou de redoutables zombies ! Gore et exaltée, ces séquences de terreur rachètent en partie les faiblesses de LATIDOS DE PANICO.

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le 19 oct. 2011

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