Des industriels chargent Moe Rutherford d'enquêter sur un produit alimentaire qui fait fureur dans les familles américaines : le "Stuff", une substance blanchâtre dont ses fabricants refusent de révéler la recette. Au même moment, un petit garçon se rend compte qu'il arrive au "stuff" de bouger dans le frigidaire familial durant la nuit ! Il refuse dès lors de se nourrir de cette substance, ce qui met ses parents en colère. De son côté, David commence par s'intéresser à la "Food and Drug Administration", l'organisme chargé de tester et d'autoriser la mise sur le marché des produits alimentaires.
Déjà, avec LE MONSTRES EST VIVANT, Larry Cohen s'inspirait d'un fait divers authentique, l'affaire "thalidomide babies" : vérifié par la FDA et prescrits à des femmes enceintes, un médicament avait entraîné la naissance de nombreux enfants difformes. A nouveau, Cohen s'en prend aux collusions entre cette administration et les grands groupes industriels en s'inspirant du cas de Coca Cola, boisson contenant, à l'origine, de la cocaïne, produit remplacé, à un moment, par des extraits très légers de feuilles de coca et un surplus de caféine, qui restent des substances susceptibles de provoquer une dépendance chez les consommateurs de fortes dépendances. Le "Stuff" provoque lui aussi, chez ses consommateurs, une forte dépendance, ainsi qu'un changement d'attitude inquiétant.
Tout en critiquant les tares de la société de consommation, THE STUFF se veut aussi un hommage au cinéma de science-fiction paranoïaque des années 50. Lorsque la famille de David devient dépendante au "Stuff", ses membres se montrent menaçants et dangereux, rappelant les "imitateurs" de L'INVASION DES PROFANATEURS DE SEPULTURES. Quant au Stuff lui-même, lorsqu'il se déplace en grand volume et broie des êtres humains, il évoque une version lactée du Blob mis en scène dans DANGER PLANETAIRE.
Mené par Rutherford, un sympathique et savoureux franc-tireur individualiste et doucement anarchiste, l'action de THE STUFF adopte un rythme soutenu. Ne renâclant pas sur l'humour grinçant, Cohen distribue les mauvais points dans tous les sens : militaires idiots, chargés de communication irresponsables, fonctionnaires corrompus, famille se conformant à un modèle imposé par la télévision... Habile metteur en scène et scénariste à la plume toujours aiguisée, il s'impose définitivement comme un grand satiriste, un esprit libre toujours en éveil.
THE STUFF reste toutefois une petite production, et cela se sent tout de même. Les effets spéciaux ne manquent pas de charme, mais ils ne se montrent pas à la hauteur du sujet et de l'ambition du métrage. D'autre part, le scénario laisse passer quelques trous et quelques baisses de rythme.
Tout cela n'empêche pas THE STUFF d'être une belle réussite, une petite perle, drôle et intelligente, bref un bon Larry Cohen, hélas un peu sous-estimé.