Inutile, je crois, de me lancer dans de longs développements expliquant que ce film constitue la quintessence du film noir. Non, décidément, d’autres l’ont déjà fait bien mieux que je ne pourrais le faire. Et puis… Il faut avouer que je ne m’y connais pas tellement, en fait.
Enfin bon, trêve d’excuses laborieuses, c’est un peu lassant… Pourquoi donc Laura constitue un bijou du septième art ? Tout simplement parce qu’il est parfait (on est bien avancés avec de telles considérations). Le jeu des acteurs y est certainement pour beaucoup : « Laura » m’a ainsi fait découvrir un acteur tout à fait remarquable, je veux parler de Clifton Webb. Interprétant un critique littéraire méprisant et méprisable, il nous livre une prestation d’un pédantisme tout à fait exquis ! Les moindres de ses mimiques, les moindres intonations de sa voix, les moindres inflexions de son accent aristocrate suffisent à peindre un personnage dont on se souviendra très longtemps. Par ailleurs, la construction du film en « quasi-huis-clos » (la plupart des scènes ayant lieu dans l’appartement de Laura) magnifie, ou exacerbe les prestations de chacun. Je passe donc sur les autres acteurs masculins pour en arriver au cœur du film : le personnage de Laura.
J’ai envie de voir ce film comme une sorte d’ode à la femme… Comme un hommage à sa beauté. Je crois que Gene Tierney et son regard ardent constituent autant d’arguments de la plus grande éloquence à cet égard. Laura, c’est la femme dont on devient fou sans jamais l’avoir rencontrée, mieux, c’est la femme qui conduit les hommes aux extrêmes limites de la folie, jusqu’à ce qu’ils finissent par se perdre. Laura, c’est l’incarnation même de la passion déraisonnable.
Mais Laura, c’est aussi une femme forte, indépendante, une femme résolument moderne. Elle ne doit sa réussite sociale qu’à son culot et à son intelligence, elle ne doit ses réussites en amour qu’à son charme et sa façon meurtrière de tenir une cigarette (symbole par excellence de la femme fatale et libre).
Le film est ainsi construit autour de cette femme idéalisée, les autres personnages ne font que graviter autour d’elle. Ils n’agissent que par elle, à cause d’elle, mais surtout pour elle. Il n’y a qu’à voir le plaisir certainement coupable que les hommes prennent à investir les appartements de Laura, siège de l’intimité féminine, pour s’en convaincre. Et que penser, en regardant Waldo s’assoir confortablement sur le lit même de la disparue ?
Alors oui, le film brille par sa maîtrise de la mise en scène et du scénario, Otto Preminger s’affirme avec cette oeuvre comme un orfèvre de l’intrigue policière à suspense.C'est une qualité rare et incontestable. Mais, à mes yeux, la plus grande réussite de « Laura »… C’est Laura.
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