Ne pas avoir à se justifier à propos de ce que nous sommes, tout n'est que nature, sentiment et émotion. Montrer au monde sa véritable identité, se découvrir encore et encore, aimer, rire, comprendre et s'assumer. Tel est le postulat du dernier film du jeune prodige Québécois, Xavier Dolan.
Nombreux sont les films qui tentent d'aborder des sujets forts, mais rares sont ceux qui parviennent à le faire avec autant de justesse. Si « Laurence Anyways » demeure aussi puissant, c'est par ce qu'il est réalisé par un garçon amoureux de son sujet, et le résultat ici est la preuve que lorsque l'on fait un film en y mettant toute son âme et sa passion, au bout nous avons un produit cinématographique de haute volée qui sait toucher le public non pas seulement par son propos, mais aussi par la forme et le style. Que ce soit dans « J'ai tué ma mère » ou « Les Amours Imaginaires », il y a une chose que l'on peut remarquer chez Dolan, c'est ce besoin de styliser ses œuvres pour les raccorder avec leurs sujets, on tombe ainsi dans un cinéma sensoriel, ou même expérimental comme en témoigne son second film.
« Laurence Anyways » est une belle apothéose de tout cela, bien que la filmographie de Dolan soit encore mince, ses films nous donnent beaucoup d'espoir pour l'avenir, tant le jeune homme semble prendre plaisir à réaliser et à mettre en scène. C'est donc dans cette ambiance maîtrisée et pleine de finesse que se dévoile ce nouveau long-métrage. Abordant donc le sujet de la transsexualité, c'est du moins ce que le synopsis dévoilait, mais le film va bien plus loin que cela. En effet le sujet ici n'est que prétexte pour permettre de parler de l'amour, du besoin de plaire, ou encore tout simplement du besoin d'exister, de se sentir vivant. C'est en cela que « Laurence Anyways » puise un vraie force, en proposant un récit construit et ponctué de scènes sublimes, véritable miroir des émotions humaines. « Laurence Anyway » touche par sa grâce et sa pudeur, mais également grâce à des acteurs parfaits. Melvil Poupaud campe un rôle magnifique, celui d'une femme emprisonnée dans un corps d'homme, victime de son propre statut, le personnage ne cherche finalement qu'à exister, à montrer au monde qui il est. C'est une grande leçon d'humanité, et le film lui est une leçon de tolérance, et d'ouverture d'esprit. Suzanne Clément nous offre également un interprétation très juste, belle et sincère, ce personnage fort et poignant, désemparé et bouleversant.
Comme à l’accoutumée chez Dolan la musique et l'image s'accordent, choisissant les morceaux avec soins et proposant une palette d'images fascinantes.
C'est donc avec plaisir que j'ai découvert « Laurence Anyways », un film abouti, réfléchi et magnifique, qui ne peut pas laisser de marbre c'est une évidence.