Le doute est forcément imposé dès qu’on prend connaissance du film. Laurence pour un homme ? Même si cela peut paraître normal pour une traduction québécoise du Lawrence Américain.
Mon premier film de Xavier Dolan. Une première vision d’une histoire de sexe, non pas rythmée par ses histoires mais par ses changements. Tout le film est porté par une poésie effroyablement belle. Le format 4/3 déringardisé, les travellings transportant, le porté de caméras explosif, une musique ancrée dans le film et l’histoire, une mise en scène expressive qui porte un regard très personnel et très optimiste sur les personnes sexuellement marginales.
Les acteurs autant que les figurants nous apportent toute l’émotion, la signification des petites choses, et la puissance des grandes. La scène de la classe, de la première transformation, les regards des acteurs et des figurants sont très représentatifs de ce que la société pouvait et peut penser de la question des transsexuels.
Les images qui composent ce film sont teintées d’une couleur extrêmement loquace, émotionnellement vive : L’arrivée sur l’île au Noir dans une pluie de vêtements, la tempête de feuilles mortes, la brique rose.
Ce film dresse aussi un sommaire de ces personnes. La Rose Family, le couple dont l’homme est né dans un corps de femme.
On y retrouve simplement toutes les composantes de l’histoire d’amour, mais forcément, cette histoire impose toute la réflexion portée par le sexe des personnages. Parce que comme c’est la première fois que ces histoires sont abordées d’une telle manière, on, nous autres dans "la norme", ne connait rien de tout ça.